Comme nous vous l'annoncions ce matin, France Inter confiera en septembre les clés de ses fins d'après-midi à Nicolas Demorand. Un retour aux sources pour celui qui a présenté la matinale de la station entre 2006 et 2010. Avec cette arrivée, la station espère rebooster ses fins d'après-midi au plus bas cette saison avec "Encore heureux" d'Arthur Dreyfuss et "Jour de Fred" de Frédéric Mitterrand.
Conséquence de cette refonte, l'ancien ministre de la Culture du gouvernement Fillon annonce ce midi dans Le Monde qu'il met fin à son émission à la fin de la saison et quitte la station. "Grâce à Philippe Val et Laurence Bloch, les deux dirigeants de France Inter, j'ai vécu une année très riche en donnant la parole à de nombreuses personnalités de la culture. Mais, désormais, je préfère me consacrer à des projets plus personnels en revenant à la case départ", explique l'ancien journaliste qui va désormais se lancer dans la réalisation de deux documentaires pour Arte.
Avec 468.000 auditeurs en moyenne entre janvier et mars, l'émission de Frédéric Mitterrand n'a jamais trouvé son public, perdant 221.000 fidèles sur un an et 175.000 sur une vague ! Malgré des invités souvent prestigieux, "Jour de Fred" était sans doute mal programmée : habituellement ces entretiens au long cours sont diffusés plus tôt dans l'après-midi ou le week-end.
Frédéric Mitterrand quitte Radio France alors que Mathieu Gallet, un de ses anciens conseillers dont il avait fortement soutenu la nomination à la tête de l'INA, doit prendre officiellement les commandes du groupe le 12 mai prochain. "Je le connais bien et il sera un bon président pour Radio France. Mais, dans ma situation, le meilleur service que je puisse lui rendre est de ne plus avoir de contact avec lui", reconnait-il.
La saison passée par Frédéric Mitterrand à France Inter aura été marquée par de nombreuses polémiques. Aurélie Filippetti, la ministre de la Culture, avait fait savoir son agacement de voir ainsi recasé l'ancien ministre de Nicolas Sarkozy. "Je constate que le service public recrute d'anciens membres du gouvernement. J'ai trouvé, à titre personnel, que c'était d'une rare inélégance", avait elle dit au téléphone à Jean-Luc Hees.
"Depuis mon arrivée sur France Inter qui lui a fortement déplu, Aurélie Filippetti me poursuit d'une animosité indigne de sa fonction", lance aujourd'hui son prédécesseur, applaudissant "l'indépendance" de ses anciens patrons. "J'ai appris qu'elle se comportait mal. En tout cas, cette vindicte a d'importantes conséquences professionnelles", explique-t-il en déplorant avoir du mal à présenter ses projets aux différents dirigeants de l'audiovisuel. "Ils maquillent leur décision sous des raisons budgétaires, mais ils ont surtout peur de se faire taper sur les doigts", lance-t-il. A 66 ans, Frédéric Mitterrand estime "payer très cher" son engagement auprès de Nicolas Sarkozy, mais "ne regrette rien". "La politique, c'est l'enfer, et ils ne sont pas près de me revoir", lance-t-il.
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