Ce jeudi 15 août, M6 a lancé la troisième saison de son jeu estival : "Les traîtres". Dans cette nouvelle édition, pas moins de 20 célébrités se sont prêtées au jeu et ont accepté d'être enfermées quelques jours dans un château en Dordogne afin de démasquer les "traîtres" ou éliminer les "loyaux", selon les rôles qui leur ont été attribués par la production. Cette saison, les traîtres sont au nombre de quatre, et parmi eux se trouve Frédérique Bel. L'actrice, grande amatrice du jeu du "Loup-garou", qui a largement inspiré le concept de l'émission, a raconté à puremedias.com comment elle avait vécu cette aventure "folle et émouvante".
Propos recueillis par Léa Stassinet
puremedias.com : Comment êtes-vous arrivée dans le programme ? Est-ce votre ami Bernard Werber, candidat de la saison 1, qui vous a convaincu d'y participer ?
Frédérique Bel : Ce n'est pas M6 qui m'a appelée, c'est Bernard (Werber, ndlr) qui m'a téléphoné et m'a dit : "Il y a un truc pour toi". Je lui ai dit que je n'étais pas très télé-réalité et je lui ai demandé si je pouvais m'amuser et il m'a dit : "Tu peux faire un peu ce que tu veux", et j'ai fait ce que je voulais.
Qu'est-ce qui vous a attiré dans ce jeu ?
J'adore les jeux à partir du moment où on se déguise, où il y a une intrigue et un personnage à incarner. J'ai fait "Mask singer" parce que j'adore chanter, et c'était l'occasion de travailler avec les arrangeurs de Johnny. Je fais beaucoup de comédie, j'ai un public assez jeune parce que je fais beaucoup de films pour enfants et je me suis dit que ça serait rigolo. C'est toujours important pour une actrice populaire de faire des choses qui peuvent nous amuser.
Et vous avez un lien particulier avec le jeu du "Loup-garou", dont s'inspire "Les traîtres"...
C'est mon jeu préféré, j'y ai joué dans tous les sens pendant 15 ans, même si ce n'était pas tout à fait les mêmes règles. On jouait chez Bernard (Werber, ndlr), on était 30 autour d'une table, ça s'appelait "La fourmilière". Les nouveaux on les humilie, on les insulte, ils vont pleurer dans la cuisine et après on va les voir pour leur dire "t'inquiète pas c'est pour le jeu", et après ils adorent ça, ils reviennent, ils insultent les nouveaux à leur tour. Les vrais gamers (joueurs, ndlr) savent qu'il n'y a pas d'animosité. C'est génial, c'est une façon de sortir notre agressivité, c'est totalement cathartique.
"Romain Puertolas était devenu ma cible"
Dans l'émission, souhaitiez-vous être "traître" ou "loyale" ?
J'ai dit à la production : "Moi je vais tricher". Donc ils m'ont mise "traître" parce qu'ils se sont dit : "Elle va être insupportable". Je voulais l'être car j'aime la complexité psychologique. J'ai trois visages : je suis loyale en disant aux autres "on va s'en sortir les gars"; je suis traître en leur disant "je vais tous vous défoncer" et je suis l'actrice qui a conscience qu'elle est dans un jeu et va expliquer aux téléspectateurs "voilà demain je vais faire ça, là j'ai fait ça parce que...", je donne les sous-titres pour les spectateurs qui vont arriver. J'ai toujours conscience de l'entertainment (le spectacle, ndlr). Le premier épisode aurait pu être un peu mou mais j'y suis allée. La première table ronde par exemple, le Romain (Puertolas, ndlr) je le défonce, je suis excédée.
Pourquoi les échanges étaient d'ailleurs si tendus avec Romain Puertolas dès le début du jeu ?
Au premier tour de table, il a dit que je devais être "traître" puisque lui ne l'était pas. Donc moi, au premier conseil, je dis : "Se justifier de ne pas être 'traître' au 1er tour, c'est quand même une grosse erreur de débutant pour un flic (Romain Puertolas est un écrivain mais a été capitaine de police, ndlr). Donc je vote Romain et je vous incite à tous voter contre lui". Et j'en rajoutais pour qu'on l'élimine. La veille du tournage, on a dîné ensemble avec les candidats et la production. Moi je lui parlais de voyance, lui disant que ça pouvait aider la police et lui disait que non, c'était Saint-Thomas, "je ne crois que ce que je vois". La production s'est dit qu'on était tellement opposés qu'il fallait que l'un des deux soit "traître". Mais à un moment, Romain est vraiment allé trop loin et ce qui était un petit jeu au départ est devenu un vrai truc, c'était devenu ma cible. Plutôt que de gagner, je voulais défoncer Romain.
Y a-t-il eu des moments où certains participants ont eu du mal à faire la part des choses entre le jeu et la réalité ?
On me voit craquer à un moment car un des participants s'acharne sur quelqu'un qui est fragile, qui a totalement effacé les limites entre le jeu et la réalité. Je ressens tellement l'injustice au fond de moi que j'en pleure, parce qu'elle me fait aussi penser à quelqu'un de ma famille.
Je suis parfois sortie du jeu pour remettre les choses à plat car ça partait trop loin
Qu'est-ce qui a été le plus dur pour vous durant l'aventure ?
La fatigue. Parce que la journée tu fais les jeux, puis ensuite les confessionnaux. Après tu veux aller manger et on te dit 'non il y a le conseil des traîtres' donc tu y vas et tu rentres dormir à 2 heures du matin. Et à 8 heures le lendemain il faut être prête, maquillée et préparée. Pour tout vous dire, un des traîtres a fait un burn-out, un autre est tombé malade...
Aviez-vous un petit secret pour tenir la cadence ?
Je prenais des cordyceps ! Ce sont des petits champignons qu'on donne aux sportifs pour lutter contre la fatigue et avoir plus d'énergie.
Quelle genre de joueuse étiez-vous ?
Mon objectif, c'était que le jeu avance. J'ai tout le temps conscience de la caméra, il faut qu'il se passe quelque chose. Tout le monde veut sauver sa peau mais moi je m'en fiche, je veux juste tuer des gens et si je meurs ce n'est pas grave. Je cherche les coups, quelque chose qui soit spectaculaire. La façon dont je finis le jeu, vous verrez, est spectaculaire. Eric (Antoine, ndlr), m'a dit qu'il n'avait jamais vu une fin comme ça. Jusqu'au dernier moment, j'ai joué le personnage voire même encore plus. Je suis naturellement une gameuse mais je suis très sensible et empathique. Je suis parfois sortie du jeu pour remettre les choses à plat car ça partait trop loin.
C'est-à-dire ?
Une personne que j'ai prise pour cible plusieurs fois s'est mise à pleurer, je suis allée la voir, je lui ai dit que j'étais actrice, qu'il ne fallait pas le prendre personnellement, et que ça me faisait du mal qu'elle pleure. Le soir-même, elle va dire à tout le monde que je joue un jeu, que je suis fausse, et elle se remet à pleurer... On est dans un jeu de rôles, on a signé pour ça. Mais en fonction du degré d'émotion, d'intelligence de jeu... Tout le monde ne peut pas être un gamer. On ne sait pas ce dont les gens fragiles sont capables : quitter le jeu, faire une dépression... On peut vriller facilement. C'est aussi pour ça qu'il y a une psychologue qui nous suit.
Y a-t-il eu des gros moments de tension pendant le tournage ?
Il y a eu des vrais clashs, des vengeances personnelles. Au 1er tour, il y a des personnes qui ont voté contre moi juste parce qu'elles me détestaient, sans raison. Ça sortait de nulle part. Il y a des choses qui n'ont rien à voir avec le jeu, pour moi ça c'est de la télé-réalité. Quand je voyais que ça dérivait trop, j'augmentais mon niveau de jeu pour remettre ces personnes dedans, en leur disant : "Pourquoi tu es allé enrôler machin ? Il me l'a dit", etc... Ce qui est génial c'est que j'ai tellement défoncé ceux qui m'ont attaquée que plus personne n'osait s'en prendre à moi.
Sylvie Tellier, Valérie Trierweiler et moi, on aurait formé un trio de "traîtres" de malade !
Qu'avez-vous pensé du casting ?
Je suis très contente de l'équipe, qui était très éclectique avec gens vachement intéressants. On avait des niveaux de jeu différents et inégaux mais le fait d'être en immersion, d'avoir de vraies émotions, c'était puissant. J'aurais aimé que deux ou trois personnes soient "traîtres" à la place de ceux qui l'étaient. Romain (Puertolas), Stomy (Bugsy), Sylvie (Tellier) auraient été géniaux ! J'avais imaginé trois filles qui rendent les hommes fous, un scénario comme ça. Valérie (Trierweiler) est très forte aussi. Sylvie, Valérie et moi, on aurait formé un trio de malade !
Comment décririez-vous cette aventure ?
Folle, immersive, télégénique, hasardeuse, et émouvante.
Pour l'amour du jeu, aimeriez-vous participer à une version "all-stars" avec les meilleurs candidats toutes saisons confondues ?
J'aimerais vraiment qu'un jour, la production fasse "Les traîtres" en prenant les meilleurs. L'idéal, ce serait de ne mettre que des gamers avec un niveau de jeu stratégique ultra puissant, sur un temps plus long. Par exemple, qu'on nous enferme un mois (le tournage de la saison 3 a duré 10 jours, ndlr). Qu'il y ait un côté "Squid game" presque inquiétant, avec des gens vraiment stratèges. Mais là, je pense qu'on en viendrait aux mains, qu'on s'entretuerait (rires).