L'Italie entre dans la danse. Les éditeurs italiens ont appelé hier à soutenir le projet de "taxe Google" défendu par les Allemands et les Français. "Afin d'accroître la compétitivité de la presse numérique et d'assurer à tous les citoyens le libre accès à des informations de qualité, les éditeurs conviennent notamment de soutenir les projets législatifs dans le domaine de la propriété intellectuelle", ont écrit des éditeurs italiens à l'issue d'une réunion organisée à Rome mercredi avec leurs homologues français et allemands.
Conformément au projet allemand, repris par les Français début septembre, la presse veut faire payer le moteur de recherche qui reprend le titre, une photo et les premiers caractères des articles dans son service Google News. Ils veulent créer un "droit voisin" (proche du droit d'auteur) qui serait versé en échange de leur indexation sur le portail d'actualité. Chaque article donnerait donc lieu à une rémunération. La presse européenne estime que ce mécanisme créerait "des relations économiques équilibrées entre les titulaires de droits sur les contenus d'information et les acteurs technologiques" et mettrait fin à "une captation de la valeur de leurs contenus numériques par les seuls acteurs technologiques, qui rend impossible l'équation du modèle économique pour leurs activités en ligne".
En France, Aurélie Filippetti s'est déclarée plutôt favorable au projet qui a provoqué la fureur de Google. Le moteur de recherche, source principale de trafic pour la plupart des médias français, a menacé de cesser leur référencement. Google "ne peut accepter" que l'instauration d'un tel droit "mette en cause son existence même et serait en conséquence contraint de ne plus référencer les sites français", a indiqué début octobre le groupe.
La ministre de la Culture Aurélie Filippetti a sèchement répondu à Google. "Ce n'est pas avec des menaces qu'on traite avec un gouvernement", a-t-elle déclaré. Quant à l'Association de la presse d'information politique et générale, à l'initiative de la réflexion, elle s'est déclarée "stupéfaite" par la réaction de l'entreprise américaine, qu'elle accuse de vouloir "étouffer un débat public légitime sur la captation de valeur des contenus presse par les moteurs".
Le géant de Mountain View entend calmer le jeu tout en restant fermement hostile au projet. Pour preuve, Eric Schmidt, le président du groupe, a prévu de venir à Paris en début de semaine prochaine pour rencontrer François Hollande, Aurélie Filippetti et Fleur Pellerin. Il va traverser l'Atlantique pour leur dire tout le mal qu'il pense de ce projet de taxe.