
S'il apparaît comme un film destiné aux enfants, Gnomeo et Juliette est, comme beaucoup de films d'animation, assez malin pour plaire aux adultes. Le film est le résultat d’un amalgame pour le moins curieux entre le réalisateur de Shrek 2, la musique d’Elton John, les voix de Hulk Hogan et Ozzy Osbourne (pas mal pour des nains de jardin), et une trame narrative empruntée à Shakespeare.
On pourrait craindre que tout cela soit dissonant, mais il n’en est rien puisque d’emblée, on nous explique qu’il ne s’agit en rien d’une parodie. Et on est rapidement emporté par cet univers original. Gnomeo et Juliette nous promet donc une aventure de petites créatures pour le moins insolites vivant incognito chez les humains, rappelant par cet aspect le récent [film%]Arrietty, le petit monde des chapardeurs[/film%]. Mais l'ensemble est malheureusement de facture plutôt moyenne et n’arrive pas au niveau de certains autres Pixar et Dreamworks.
Les nains sont plus ou moins bien réussis d’un point de vue esthétique et ressemblent à des pères Noël en bois ratés, si l’on compare avec les créatures de Luc Besson dans Arthur et les Minimoys. Ajoutés à cela des effets spéciaux qui, au lieu d’être trop présents, tapageurs et voyants comme dans nombre de films du genre, se trouvent presque invisibles, et on finit par chercher les étincelles et la féerie.
Pour contrebalancer, les dialogues enchantent bien plus et font rire à tout moment : « repose en pièces », voilà qui n’est pas banal. Les personnages hauts en couleur, des principaux aux secondaires, ont chacun leur vision du monde : la grenouille, le flamant rose qui a perdu sa moitié à cause d’un couple brisé… Des mignardises, il n’y a que ça, quand l’amoureux et l’amoureuse font leur toilette séparément pour briller de tous leurs feux : encore une fois, du niveau d’un enfant de 5 ans. Mais d’autres détails sont à destination des adultes, à l'image d'une banane sur un ordinateur en référence à Apple.
Les aventures avec la tondeuse en gazon font tout le délice du film plein de fraîcheur, quoiqu’il s’éloigne à ce moment considérablement du Shakespeare original. L’insertion d’une scène où un nain va commander la super tondeuse Terminator est quant à elle un vrai coup de génie !
Bémol important à ce film si mignon : encore une fois, c’est du gâchis d’utiliser la 3D pour… ça, puisque le film ne fera pas partie de l’anthologie des animations ! Car ici le plaisir est bien plus auditif que visuel, nul besoin de nous faire croire que ce sera mieux en 3D.