La guerre de communication s'intensifie. En guise de réplique à la suspension ce mercredi des médias financés par la Russie, RT France et Sputnik, dans l'Union européenne, le Parlement russe a adopté, ce vendredi 4 mars, un texte criminalisant la diffusion "d'informations mensongères" sur les actions des forces armées russes en Ukraine. Le régime de Vladimir Poutine entend ainsi punir de diverses peines de prison pouvant aller jusqu'à 15 ans les journalistes russes et internationaux ne reprenant pas mot pour mot les dépêches officielles du Kremlin. Dans le cas contraire, ces journalistes seraient considérés comme des émetteurs de fausses informations.
Quelques heures après l'adoption de cette loi prévoyant des peines de prison en cas de diffusion d''informations mensongères sur l'armée' et le blocage du site russophone de la BBC, son directeur général, Tim Davie, a fait savoir, ce vendredi dans un communiqué, que la chaîne britannique suspendait le travail de ses journalistes en Russie. Par cette décision, la chaîne britannique veut assurer la "sécurité" de ses journalistes.
"La sécurité de notre personnel est primordiale et nous ne sommes pas prêts à l'exposer au risque de poursuites pénales, simplement pour avoir fait son travail", explique Tim Davie. "Nous restons déterminés à mettre des informations précises et indépendantes à la disposition des internautes du monde entier, y compris des millions de Russes qui utilisent nos services d'information. Nos journalistes en Ukraine et dans le monde entier continueront à rendre compte de l'invasion de l'Ukraine", a-t-il garanti.
Cette décision de la BBC résulte également de l'accès rendu "limité" par les autorités russes des éditions russophones de la BBC et de la radio-télévision internationale allemande Deutsche Welle (DW), du site indépendant Meduza et de Radio Svoboda, antenne russe de RFE/RL. Le régulateur russe des médias Roskomnadzor indique que ces décisions ont été prises à la demande du parquet le 24 février, soit le jour du déclenchement de l'invasion de l'Ukraine par Vladimir Poutine. Selon l'AFP, cette même autorité a ordonné, ce vendredi, le blocage de Facebook dans le pays, accusant le réseau social de "discriminer" des médias russes.
Les médias publics français, de leur côté, n'auraient pour l'heure pas fait le choix de quitter la Russie. "La loi adoptée par la Douma ce matin appelle à la vigilance mais ne conduit pas à l'exfiltration des équipes", a réagi, ce vendredi matin auprès de l'AFP, Thomas Legrand, directeur de la communication de France Médias Monde (France 24, RFI...). "Depuis le début de la crise, des solutions sont proposées à celles et ceux qui le souhaitent pour quitter le pays. Seuls deux journalistes ont fait le choix à ce jour de sortir pour travailler hors de Russie", a-t-il poursuivi. Pour l'heure, selon "Le Huffington Post", la diffusion de RFI et de France24 n'a pas été impactée en Russie.
Dans ce contexte enfin, signalons l'initiative des membres de l'Union européenne de radiotélévision (UER), présidé par Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, afin de soutenir les médias de service public ukrainiens. "Ce vendredi, plus de 150 stations de radio se sont jointes aux radioeins RBB allemands pour une diffusion simultanée de l'emblématique 'Give Peace a Chance' de John Lennon, tandis que, la semaine prochaine, les stations de radio seront invitées à se joindre à Radio Roumanie pour diffuser la 9e symphonie de Beethoven en solidarité avec le peuple ukrainien et UA:PBC".