

Concurrents sur les circuits de Formule 1, Alain Prost et Ayrton Senna ont vu leur intense rivalité se retrouver au centre de productions biographiques lancées au même moment sur les plateformes de streaming. Canal+ a consacré toute une série documentaire sur la légende du sport automobile français, alors que Netflix a sorti à la fin du mois de novembre dernier une fiction de six épisodes sur le pilote brésilien, élevé au rang de héros dans son pays. Le biopic revisite notamment l'antagonisme entre les deux champions, devenus amis après le départ à la retraite du "Professeur" et jusqu'à la mort tragique de l'Auriverde en 1994. Une relation mal exploitée dans la mini-série selon Alain Prost, qui accuse la production de distordre la vérité. "Je suis convaincu qu’Ayrton n’aurait pas accepté cette série, notamment parce que cela montre un manque de sensibilité", a-t-il expliqué dans un entretien accordé à "RAC Motori".
"C’est une belle histoire et il ne faut pas raconter des choses qui ne sont pas vraies. Si vous devez faire quelque chose de commercial, ce n’est pas bien de le faire au nom de Senna. Je n’aime pas ça et je ne l’accepte pas", a ajouté le désormais consultant sur Canal+. Pour étayer ses propos, Alain Prost a pris l'exemple d'un détail crucial, pas pris en compte dans la série réalisée par Vicente Amorim et Julia Rezende. "Durant les six mois précédant le drame d’Imola, Ayrton m’appelait une ou deux fois par semaine. Nous étions devenus proches et échangions beaucoup, parfois sur des sujets anodins, parfois sur des conseils. Ce lien si fort a été complètement occulté", souligne l'ancien pilote McLaren, déplorant que le sensationnalisme ait pris le dessus sur l'authenticité dans cette représentation.
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Ce n'est pas la première fois qu'Alain Prost exprime sa frustration concernant la manière dont les réalisateurs capturent et mettent en scène la trajectoire de son adversaire historique. Il avait été également très mécontent du résultat de "Senna" d'Asif Kapadia, sorti en salles en 2010. "J'en veux à ce film qui a été fait", expliquait-il, ne digérant pas le fait qu'il ait été dépeint comme "le méchant" de l'histoire. "Ils auraient vraiment pu raconter une histoire fabuleuse, parce qu’il y a eu ce qui s’est passé pendant que nous courions et après (ma retraite, ndlr)", avait-il poursuivi. Il se souvient notamment d'un moment qui ne fut pas inclus dans le montage final de "Senna". "Le film soutient que son dernier message 'Tu me manques Alain‘ était bidon. Eh bien, je pense que c’est le film qui est bidon", avait martelé le quadruple champion du monde.