Avec Les Kennedy, la chaîne câblée américaine History Channel devait se lancer pour la première fois dans la fiction historique. Mais alors que le projet était terminé, la chaîne a fait volte-face et plusieurs autres candidates ont préféré passer leur tour. La polémique a enflé, les critiques ont fusé et c'est ce soir que les téléspectateurs français pourront enfin découvrir ce qui a tant posé problème à la famille Kennedy.
A l'occasion du Festival de Télévision de Monte-Carlo, puremedias.com a rencontré Michael Prupas, l'un des producteurs de cette mini-série événement. Il revient sur le développement du projet, les pressions qui ont commencé avant même le tournage, les précautions prises pour être le plus fidèle à l'histoire possible ou encore la publicité générée en dehors des Etats-Unis par la polémique. Entretien.
Alors que la mini-série était prête, la chaîne History Channel a renoncé à la diffuser aux Etats-Unis. Avec le recul, vous comprenez sa décision ?
Je comprends que notre histoire était très controversée dès le début. La raison, c'est qu'on ne racontait pas les événements historiques comme tels, mais l'histoire de la famille Kennedy. C'est cet élément-là qui, je crois, a fait peur à la famille. Toutes les familles ont des secrets cachés et quand on est une famille comme les Kennedy, qu'on a eu neuf enfants, qu'on en a perdu quatre assez jeunes, il y a clairement des éléments tragiques qui les ont frappés. C'est devenu une famille très spéciale, notamment au niveau politique mais pas seulement. John Kennedy n'était pas qu'un président des Etats-Unis, il a aussi changé la perception du pays dans le reste du monde. Je suis Canadien et je me souviens très bien que ma propre mère essayait d'imiter le style de Jackie Kennedy ! Jackie elle-même est devenue une icône pour la plupart des femmes du monde et l'année dernière encore, elle était en couverture du magazine Elle en France.
Que pouvez-vous nous dire à propos du casting ?
En ce qui concerne Jackie, justement, on a eu beaucoup de chance d'avoir fait un casting impeccable et d'avoir choisi Katie Holmes. Et Greg Kinnear aussi est excellent, il se comporte comme JFK, il suffisait de changer sa coiffure ! L'autre élément très important, c'est Rose Kennedy, qui est une véritable énigme et qui est incarnée par Diana Hardcastle. Rose, c'est la mère de neuf enfants et elle sait depuis les années 20 que son mari la trompe tout le temps mais elle garde sa foi dans la religion catholique et l'importance que Dieu a joué dans sa vie durant toutes ces tragédies est énorme.
La famille Kennedy est une famille légendaire. Est-ce que toute cette polémique n'est pas un peu une mise en garde ? On ne touche pas aux icônes... ?
Oui, c'est clairement ça. Surtout quand il s'agit de familles toujours en haut de l'affiche et toujours puissantes. Je ne sais pas si c'est la famille Kennedy qui a poussé la chaîne History Channel à ne pas diffuser la série, mais ce que je sais, c'est qu'il y a au moins une personne, que je connais très bien, qui a lancé un site web avant même le début du tournage, pour essayer de bloquer sa diffusion. Et peu de temps après, on a vu sur la Une du New York Times - et c'est une première je crois - un article sur une série en pré-production !
Qu'est-ce qui était connu du projet à ce moment-là ?
Très peu de choses étaient connues publiquement. Mais cette personne avait réussi à obtenir une copie du scénario avant les ré-écritures, et ce qui est incroyable, c'est qu'il a engagé de lui-même des acteurs pour jouer notre série.
De qui s'agit-il ?
Il s'appelle Robert Greenwald.
Il est lié à la famille Kennedy ?
Je ne crois pas. C'est un homme de gauche aux Etats-Unis, il a fait beaucoup de documentaires, notamment un sur l'élection de l'année 2000 dans lequel il accuse George Bush d'avoir volé la victoire à Al Gore.
Le fait que Joel Surnow, qui est à l'origine de ce projet, soit connu pour ses opinions conservatrices, a-t-il joué contre la mini-série ?
Ce n'est pas quelqu'un qui a écrit des articles dans des journaux pour défendre ses opinions. Ce n'est pas un auteur publié, pas quelqu'un qui parle en public. En privé, oui, c'est un conservateur. C'est vrai qu'il a des amis qui sont publiquement conservateurs voire très conservateurs. Mais c'est le scénariste de 24 Heures Chrono et ce n'est pas une série politique, il y a quelques éléments mais c'est surtout de l'action. Mais surtout, Steve Kronish, qui a écrit la majorité du scénario de la mini-série, est libéral !
Même si vous ne pouviez pas forcément vous y attendre, vous aviez envisagé l'hypothèse de ne pas être soutenu par History Channel ?
Non, on s'attendait vraiment à avoir le soutien de la chaîne. On pensait que le monde connaissait les grandes lignes de la vie de la famille Kennedy, après tout il y a 2..000 livres qui ont été publiés sur le sujet, et beaucoup étaient plus violents que nous vis-à-vis de la famille. Et on a volontairement écarté des éléments qu'on ne pouvait pas prouver. On a aussi eu la bénédiction de l'historien engagé par History Channel et qui a visionné tous les épisodes et qui attestaient de leur authenticité historique...
Est-ce que toute cette polémique a nui à la vente de la série à l'étranger ?
Je ne crois pas. On avait déjà réussi à la vendre à travers le monde, du Japon à l'Allemagne en passant par la France, l'Italie, l'Espagne, l'Australie...
Finalement, ça vous a fait de la publicité dans le reste du monde...
Dans ce sens-là, oui. On ne s'attendait pas à ça.
Mais aux Etats-Unis, en revanche, la volte-face de History Channel vous a-t-elle mis en difficulté ?
C'était difficile pour moi personnellement, parce qu'il y a un soupçon de deux possibilités : soit mes collaborateurs et moi voulions attaquer la famille Kennedy, soit on est de mauvais producteurs qui ne connaissent pas leur métier. Aucune des deux hypothèses ne me fait plaisir. Mais du point de vue financier, on n'a rien perdu. Les audiences ont été très bonnes sur la chaîne qui l'a diffusée et qui a multiplié par 20 sa moyenne d'audience, on a été numéro un sur iTunes à la période de diffusion, la série va être vendue en DVD en septembre...
La famille Kennedy n'a pas réagi officiellement, mais savez-vous ce qu'ils en ont pensé ?
Ils ne se sont pas prononcés en public, à l'exception du fils de Robert Kennedy, Robert Kennedy, Jr., qui a répondu à une interview. Quand on lui a demandé ce qu'il pensait du fait que History Channel avait laissé tomber le projet, il a répondu qu'il était content parce qu'il ne voulait pas que les Américains apprennent une histoire erronée. Et le journaliste lui a alors demandé s'il avait regardé la série et il lui a répondu non... Comment pouvait-il savoir si l'histoire était erronée dans ce cas ?
Que pensez-vous des critiques ? Parce que après la controverse, les critiques ont pu voir la série et beaucoup ont été assez virulents avec Les Kennedy... La polémique les a-t-elle influencés ?
Oui, sans l'ombre d'un doute. L'une des choses qui a changé le point de vue des critiques c'est que la polémique les a poussés à croire qu'ils allaient voir quelque chose de très sulfureux, qui parle de sexe, d'alcool... Et quand la polémique a commencé, je savais déjà que ce n'était pas le cas. Il n'y a qu'une seule scène sur les huit épisodes qui se passe dans un lit et c'est une scène qui a lieu au lendemain de l'élection de 1960 et dans laquelle John et Jackie sont dans leur lit et leur petite fille Caroline saute sur le lit pour annoncer qu'il est élu. Ceux qui voulaient voir du sexe ou des choses sulfureuses seront déçus. Je me demande ce que les journalistes attendaient de notre série, en fait.
Pensez-vous qu'il y a eu des pressions sur certains journalistes ?
Non, je ne crois pas, non.
Et sur vous ? Sur les autres producteurs ?
Pas directement. Je n'ai pas eu un seul appel de la famille Kennedy !
Quand History Channel vous a laissé tomber, avez-vous pensé à un moment que la mini-série ne serait jamais diffusée aux Etats-Unis ?
Non, jamais. Il y avait plusieurs chaînes qui nous courtisaient et ce n'était donc pas une question de si on allait être diffusé, mais de combien d'argent allait être mis sur la table.
Et justement, combien la chaîne qui a diffusé la série vous a-t-elle versé ?
Ils ne m'ont rien versé, pas un centime... Ils ont versé de l'argent à History Channel mais même si je connais le montant, je ne peux rien vous dire !
Vous pouvez me dire combien a coûté la série ?
Oui, 30 millions de dollars.
Interview
Michael Prupas ("Les Kennedy") : "Ceux qui veulent voir du sexe vont être déçus"
Publié le 5 juillet 2011 à 16:23
Ce soir, France 3 entamera la diffusion de la mini-série "Les Kennedy", très controversé aux Etats-Unis. Son producteur évoque la polémique pour puremedias.com, le casting prestigieux, la famille Kennedy ainsi que les critiques sévères. Entretien.
La mini-série "The Kennedys"
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