L'Agence France presse (AFP) a révélé, images à l'appui ce vendredi 3 novembre 2023, que son bureau de Gaza City, "territoire pilonné sans répit par l'armée israélienne", a été gravement endommagé par une frappe ce jeudi 2 novembre. "L'AFP est la seule des trois grandes agences Internationales à disposer d'un live vidéo de Gaza City, diffusant 24h/24", a ajouté, sur X, Sylvain Estibal, directeur de l'AFP au Moyen-Orient et en Afrique du Nord.
"Aucun des huit membres du personnel ou collaborateurs permanents de l'AFP basés normalement à Gaza ne se trouvait sur place au moment de l'impact", précise l'AFP dans la foulée. "Tous ont été évacués vers le sud de la bande de Gaza le 13 octobre dernier".
Par la voix de son président-directeur général, Fabrice Fries, "l'AFP condamne avec la plus grande fermeté cette frappe sur son bureau de Gaza City. La localisation de celui-ci est connue de tous et a été rappelée à plusieurs reprises ces derniers jours, précisément pour prévenir une telle attaque et permettre que nous puissions continuer de témoigner en images sur le terrain", a-t-il déclaré.
Interrogé par l'AFP, un porte-parole de l'armée israélienne a indiqué que ses services avaient "vérifié (l'information) à de multiples reprises" et qu'il n'y avait "pas eu de frappe de (l'armée israélienne) sur le bâtiment" de l'AFP à Gaza. Or, selon le collaborateur de l'AFP qui a pu se rendre sur place, "un projectile explosif semble être entré d'est en ouest, à l'horizontale, dans un bureau situé au dernier étage de l'immeuble, détruisant le mur opposé à la fenêtre et causant d'importants dégâts".
Christophe Deloire, directeur général de Reporters sans frontières, a exprimé dans un message posté sur X (ancien nom de Twitter) sa "pleine solidarité avec l'AFP". Et d'ajouter : "Dans notre plainte à la Cour pénale internationale, nous avions mentionné la destruction intentionnelle, totale ou partielle, des locaux de plus de 50 médias à Gaza. Et cela continue", s'est-il indigné. La France a, dans le même temps, demandé des explications à Israël après une frappe ayant touché l'Institut français de Gaza, a indiqué le ministère français des Affaires étrangères ce vendredi 3 novembre, précisant qu'aucun agent ou ressortissant français ne se trouvait dans l'enceinte de l'Institut.
Trois semaines après l'attaque sanglante du Hamas contre le festival de Réïm en Israël, l'AFP s'est retrouvée au coeur d'une polémique après avoir fait le récit, vendredi 27 octobre 2023, de l'intensification des frappes de l'État hébreu en représailles à l'attaque dont il a été la cible le 7 octobre. "Des combats au sol font rage dans la bande de Gaza, cible de frappes israéliennes sans précédent trois semaines après le début de la guerre entre Israël et le mouvement palestinien Hamas, et coupée du monde en raison de l'arrêt des télécommunications et d'internet", a-t-elle rapporté, sans qualifier, comme le fait la France ou l'Union européenne, le Hamas de "mouvement terroriste".
Critiquée depuis par des personnalités politiques issues des rangs de Renaissance au Rassemblement national, l'AFP a rappelé, sous la plume de Éric Wishart, le rédacteur en chef chargé des principes éthiques et rédactionnels de l'agence, que "conformément à sa mission de rapporter les faits sans porter de jugement, (elle) ne qualifie pas des mouvements, groupes ou individus de terroristes sans attribuer directement l'utilisation de ce mot ou sans utiliser des guillemets". Une politique qui date "depuis plus de 20 ans".
Invitée à réagir, la ministre de la Culture, Rima Abdul Malak, a estimé que "les faits décrits dans le cas des attaques barbares du Hamas sont suffisamment clairs pour que tout le monde comprenne qu'il s'agit d'actes terroristes". "Je peux comprendre que le choix de ne pas utiliser ce mot de terroriste puisse susciter des remous, des incompréhensions, des indignations" mais "le gouvernement n'écrit pas les dépêches de l'AFP et ne corrige pas les dépêches de l'AFP", a-t-elle insisté. Dans un communiqué, rédigé ce vendredi 3 novembre 2023, Phil Chewynd, directeur de l'information de l'AFP, en remet une couche. "Soyons clairs : l'AFP n'a pas de parti pris. Elle respecte scrupuleusement ses statuts, qui l'obligent à couvrir les faits et à témoigner en toute indépendance".