Jean-Marc Morandini n'est pas près de quitter iTELE. Dans un communiqué, la chaîne annonce la "suspension" et non l'arrêt de "Morandini Live", sa nouvelle émission sur les médias lancée il y a une semaine. "La direction, ayant pris acte de la poursuite de la grève, annonce la suspension pour des raisons opérationnelles de 'Morandini Live' qui reprendra dès l'arrêt de cette grève. Il en va de même pour le lancement du nouvel habillage de CNEWS qui est reporté", écrit la direction de la communication. "C'est un nouveau bras d'honneur déguisé. Cela veut clairement dire, dégagez !", se désole un journaliste de la rédaction venant de lire le communiqué.
La quotidienne sur les médias de l'animateur devrait donc revenir à l'antenne une fois le conflit levé. La sortie de Jean-Marc Morandini d'iTELE n'était pas un préalable à la reprise du travail mais sa mise à l'écart aurait pu être appréciée comme une porte de sortie crédible. "La direction choisit de l'écarter temporairement mais pas définitivement, c'est surréaliste. C'est la stratégie du pourrissement", se désole un autre.
"La présence de Jean-Marc Morandini à l'antenne, c'est un déclencheur. On ne fait pas du Morandini bashing", rappelait hier Guillaume Auda sur RTL. Pourtant, depuis deux jours, l'entourage de Vincent Bolloré tentait de convaincre Jean-Marc Morandini de renoncer. "Pour le bien d'iTELE, du groupe Canal+. Mais pour son bien aussi, il s'est mis en une semaine à dos toute la profession", explique un cadre de la chaîne.
Seul et contre tous, Jean-Marc Morandini avait décidé de prendre les commandes de "Morandini Live" la semaine dernière alors que toute l'antenne était paralysée par une grève sans précédent. Les soutiens de personnalités, de journalistes et de médias se sont multipliés autour de "#JesoutiensiTELE" sur les réseaux sociaux. La piètre qualité de l'émission mise à l'antenne n'a pas rassuré les journalistes de la rédaction, consternés face à un tel "amateurisme".
Sans invité - qui pour la plupart ont boycotté le programme, Jean-Marc Morandini en était réduit à couvrir l'actualité médias avec, en plateau, des chroniqueurs aux profils pour le moins surprenants : une spécialiste politique qui était en fait DRH ou encore une certaine Samantha, fille de Rachelle Bourlier - la co-animatrice, présentée comme une "spécialiste de la télé américaine" alors qu'elle vivait en réalité... à Londres. C'est sans compter sur les annonceurs, qui ont ostensiblement déserté le programme et les audiences de l'émission, en dents de scie. La semaine dernière, iTELE a fait jeu égal avec LCI, sa part d'audience s'effondrant à 0,5% de part de marché. Les pertes quotidiennes de revenus publicitaires pour la chaîne sont estimés à 120.000 euros par jour.