Le journaliste Laurent Richard avait promis hier dans les colonnes de puremedias.com une "importante action" contre l'un des amendements de la loi Macron, qui entraverait le travail des journalistes d'investigation. Elle se caractérise par une tribune, publiée cet après-midi dans Le Monde intitulée : "Secret des affaires : informer n'est pas un délit". Elle est signée par de nombreux journalistes connus (Fabrice Arfi, Elise Lucet, Edwy Plenel...), émissions d'investigation et médias importants (AFP, BFMTV, Europe 1, France 2, France Inter...).
Actuellement débattue à l'Assemblée nationale, l'un des amendements de la loi Macron crée un nouveau "secret des affaires" pour les entreprises, qui prévoit de punir quiconque révèle sans autorisation toute information sensible. Peine encourue : 3 ans d'emprisonnement et 375.000 euros d'amende. Cette peine peut être portée à 7 ans de prison et 750.000 euros d'amende si les informations divulguées portent atteinte aux "intérêts stratégiques" de l'entreprise.
"Sous couvert de lutte contre l'espionnage industriel, le législateur instaure comme nouvelle arme de dissuasion massive contre le journalisme un 'secret des affaires' dont la définition autorise ni plus ni moins une censure inédite en France, écrivent les signataires. Notre métier consistant à révéler des informations d'intérêt public, il sera désormais impossible de vous informer sur des pans entiers de la vie économique, sociale et politique du pays". Les journalistes dénoncent un texte "préparé sans la moindre concertation" qui "laisse la libre interprétation aux seules entreprises de ce qui relèverait désormais du secret des affaires".
Même les lanceurs d'alertes sont visés par le texte. "Tous ceux qui voudraient dénoncer un fait dont ils ont connaissance dans leur entreprise ne pourront plus le faire. S'ils le font, ils se retrouveront sous les verrous. C'est ultra-choquant, expliquait hier à puremedias.com le journaliste de "Cash Investigation" Laurent Richard. Tout ça se passe dans un contexte où des millions de Français sont sortis manifester pour défendre la liberté de la presse".
"Nous, journalistes, refusons de nous contenter de recopier des communiqués de presse pour que vous, citoyens, restiez informés (...) C'est pourquoi nous demandons le retrait pur et simple de ce texte", écrivent nos confrères. Interrogé sur RTL ce matin, Michel Sapin a assuré "comprendre l'inquiétude". "L'objectif est de protéger un certain nombre de brevets (...) Il ne s'agit surtout pas de mettre en cause les lanceurs d'alerte", a-t-il expliqué, assurant que l'amendement en question serait "modifié".
> Lire la tribune publiée dans "Le Monde"
> Loi Macron : La disposition sur le "secret des affaires" devrait être supprimée