Pour de nombreux téléspectateurs, elle est une "reine de coeur". La drag queen franco-ivoirienne Keiona foulera le parquet de "Danse avec les stars", ce vendredi 23 février sur TF1. Durant la conférence de presse du programme, puremedias.com a interviewé celle qui a remporté la saison 2 de la version française de "Drag Race". Au programme notamment : son avis sur "Danse avec les stars", son partenaire de danse, son rôle de porte-voix, sa victoire lors de la compétition de France 2...
Propos recueillis par Guillaume Faivre
Comment vous êtes-vous retrouvée dans "Danse avec les stars" ?
J'ai été contactée et j'ai dit oui tout de suite. Je me suis dit que ça serait une bonne expérience d'être la première à faire l'émission en France en temps que drag queen française. Reine de la saison 2 de "Drag Race France", encore en règne, c'est cool de se retrouver sur TF1 en prime-time avec James Denton, Black M et Cristina Cordula... Je pense qu'il y a une dimension un peu multiverse de plein de gens qui vivent des vies super parallèles et qui se retrouvent dans l'émission ensemble. Il y a déjà une bonne vibe de groupe, on rigole beaucoup. En plus, on a deux humoristes dans la troupe, donc ça y va.
Aviez-vous pu suivre les précédentes éditions de "Danse avec les stars" ?
Bien sûr ! J'avais regardé la saison de Bilal Hassani, de Billy Crawford, de Tayc, etc. Sans oublier la saison de Shy'm que j'avais adorée. Donc oui oui, j'ai suivi l'émission, je vois comment ça se passe. Je pense que chaque année, il y a des choses qui se rajoutent, des petites surprises sur les points, les notes... J'ai hâte de voir ce que ça va être cette année et d'écrire ma saison à moi.
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"Je vais réussir à créer l'illusion d'un couple hétéro"
Que pensez-vous du concours de danse de TF1 ?
C'est une belle émission ! Je vois que ça progresse, de par ma présence déjà. Le divertissement donne à plein d'artistes des défis à relever. Il y a des danses de salon qui ne sont pas faciles du tout... Même moi qui fait de la danse, je peux dire que c'est encore plein de nouveaux codes à apprendre. "DALS" est vraiment un défi, on recommence à zéro quelque chose. Il y a une vulnérabilité qui est mise en avant dans l'émission et qui est super belle.
Comment peut-on qualifier votre niveau de danse ?
Il faut différencier mon niveau de danse de salon et mon niveau de danse personnelle. Personnellement, moi je me note 8,5 sur 10. J'arrive à apprendre plein de choses, je suis assez polyvalente. En danse de salon, je ne sais pas, on va découvrir, on va voir. Plus j'irai loin dans l'émission, plus je progresserai. Enfin je l'espère. J'attends de mon partenaire dans "Danse avec les stars" de la patience. Mais aussi de m'apprendre plein de secrets et qu'il me mette sous mon meilleur jour.
Était-ce important pour vous que votre partenaire de danse soit un homme ?
Oui, car ce n'est pas quelque chose qui est arrivé souvent dans l'émission. Je pense que ça sera la deuxième ou troisième fois, si je ne me trompe pas. Ce qui n'est pas beaucoup sur treize saisons. C'est bien que ça soit un phénomène récurrent le fait que deux hommes puissent danser ensemble, que ça soit drag ou non. Donc c'est assez cool ! Et puis je pense que je vais réussir à créer l'illusion d'un couple hétéro (Rires). Cela va être assez marrant de pouvoir montrer ça à la France, au grand public et aux familles... Montrer que c'est possible et que ça fonctionne aussi !
"On est toujours dans la recherche d'une reconnaissance au même titre que tout le monde"
Est-ce que vous espérez être un porte-voix pour votre communauté ?
Ma présence sur la télévision nationale en prime-time est un message fort. Car pour l'instant dans le PAF, c'est un peu une anomalie. On a eu il y a très très longtemps Magloire ou Vincent Mc Doom. Mais c'était déjà dans mon enfance, ou mon adolescence. Et moi de pouvoir être cette personne là aujourd'hui pour des jeunes qui regardent la télé, comme moi enfant, c'est assez cool qu'ils puissent aussi se visualiser à travers moi.
Cela montre le progrès et que notre communauté a infiltré le PAF pour pouvoir nous placer au bon endroit, au bon moment (Rires). On est toujours dans la lutte, dans la recherche d'une reconnaissance au même titre que tout le monde. D'avoir notre propre place aussi, qu'on peut faire les mêmes choses... On est aussi talentueux, aussi travailleurs, aussi bosseurs. J'éprouve un sentiment de fierté d'ouvrir la porte, d'ouvrir la voie et de représenter le drag français sur TF1.
Avec le recul, comment analysez-vous votre victoire à "Drag Race France" ?
Il y a un gros facteur mode dans "Drag Race" quand même. Surtout que c'est "Drag Race France" et la France est la capitale de la mode mondiale. On est la référence en matière de mode. Et il y avait aussi un facteur humain, dans le sens où on laissait les gens rentrer dans nos vies. On se livre dans l'émission, ce qui fait qu'ils s'attachent à nous. Et aussi le jury qui voit ce qu'on donne sur les challenges. On montre qu'on n'a pas peur de se moquer de soi-même, qu'on n'a pas peur du ridicule. Toutes ces choses là, ça crée l'attachement du public.
Comment expliquez-vous votre popularité auprès des fans de "Drag Race" ?
Je ne sais pas trop comment l'expliquer. Je pense que d'être soi-même et d'être vulnérable à la télévision, ça fonctionne. Parce que les gens, en plus d'avoir envie d'être représentés, ils veulent aussi voir des personnes et des êtres humains.
De mettre le drag à la télé française, ça l'a beaucoup humanisé, c'est ça qui a rendu le show "Drag Race France" aussi populaire. Aujourd'hui, je continue le combat avec "Danse avec les stars" pour vous en mettre plein la vue.
Keiona
Redoutez-vous le jury de qui est constitué désormais de Chris Marques, Jean-Marc Généreux, Fauve Hautot et la nouvelle membre Mel Charlot ?
C'est un jury super exigeant, alors oui je le crains. Rien que de me retrouver devant Mel Charlot qui a un CV incroyable, je ne sais pas comment vous expliquer... Elle a pu toucher Beyoncé quand même (Rires) ! J'ai aussi la pression avec Jean-Marc Généreux, Chris Marques et Fauve Hautot, notre championne en titre. Il y a un gros casting parmi les juges avec des retours, des comebacks cette saison. Oui, j'ai peur mais c'est aussi très excitant.
Pensez-vous pouvoir remporter le trophée de "Danse avec les stars" ?
J'ai envie de faire ce plaisir, cet honneur à mes fans. Je pense que j'ai mes chances oui, je ne vais pas faire genre. Mais cela ne va pas être facile. Ça va être un parcours semé d'embûches. C'est nouveau pour moi ! Même si j'ai le rythme et que je bouge bien, je pense que je vais devoir avoir un gros lâcher prise. Et faire confiance à mon partenaire de danse pour me diriger et me créer les meilleures chorégraphies possibles. Tout en lui montrant que je peux être à la hauteur. Je suis très émue de faire ce cadeau à toutes les personnes qui me soutiennent.
Est-ce que vous échangez avec Bilal Hassani qui a brillé lors de la saison 11 de l'émission, avant d'intégrer le jury un an plus tard ?
Évidemment que j'ai demandé des petites antisèches à Bilal Hassani (Rires). Il m'a dit qu'il fallait que je m'amuse et que je ne mette pas trop la pression. Et qu'il faut savoir s'écouter et se reposer surtout. Bilal compte sur moi !
Quels sont vos autres projets ?
J'ai beaucoup de projets autour de la mode, mais aussi de la musique. Je pense que je vais sortir quelque chose, probablement pendant la diffusion de "Danse avec les stars". Donc il faut rester à l'affût, aux aguets. On se reparlera bientôt d'un prochain projet musical : un single, ou un EP pourquoi pas. Cela arrive très vite ! Concernant une apparition dans la saison 3 de "Drag Race" sur France 2, je ne sais pas, je n'ai pas été contactée, donc je n'en sais rien.