Disette en vue pour l'audiovisuel public ? Depuis plusieurs mois, le gouvernement planche sur une grande réforme du secteur. Comme annoncé par Emmanuel Macron lors de ses voeux à la presse le 3 janvier dernier, un "scénario de transformation" de l'audiovisuel doit être produit d'ici au printemps. Parmi les pistes envisagées, qui convergent toutes vers un renforcement des synergies entre les différentes entités, figure notamment la nomination d'un "superdirigeant" qui chapeauterait une holding composée de France Télévisions, Radio France, Arte, France Médias Monde, TV5 Monde et l'INA.
En creux, derrière ce grand big bang, les entreprises concernées, qui ont encore en mémoire la phrase choc qu'aurait prononcée Emmanuel Macron devant des parlementaires à l'automne dernier ("L'audiovisuel public est la honte de la République") mais qui a été depuis démentie, s'attendent à devoir se serrer la ceinture, conscientes que synergie rime avec économie. Selon plusieurs sources proches du dossier citées par "Les Echos", le montant des économies cumulées qui seront demandées à l'audiovisuel public pourrait s'élever à 500 millions d'euros, voire plus, d'ici à 2022. Interrogés par nos confrères, l'Elysée et Bercy n'ont, à ce stade, pas souhaité commenter officiellement ce chiffre.
Il faut dire que les arbitrages définitifs ne seront pas connus avant plusieurs mois, différentes pistes de travail étant actuellement sur la table. "Il reste beaucoup de travail et il n'y a pas le début d'un arbitrage" précise d'ailleurs Matignon dans les colonnes des "Echos". Le calendrier de la réforme reste d'ailleurs flou. Dans l'immédiat, le comité Action publique 2022 et les parlementaires s'apprêtent à mettre leurs propositions sur la table. Françoise Nyssen devrait, elle, prendre la parole d'ici la fin du printemps, avant que Matignon ne commence à arbitrer.
Pour rappel, en 2018, les ressources allouées à l'audiovisuel public représentent 3,9 milliards d'euros, dont 2,5 milliards sont affectés à France Télévisions et 609 millions à Radio France. Logiquement, une coupe budgétaire de l'ordre de 500 millions d'euros affecterait principalement la société dirigée par Delphine Ernotte. France Télévisions doit d'ailleurs déjà se serrer la ceinture puisque l'entreprise a été affectée par une baisse de 30 millions d'euros de ses ressources publiques, répercutés des programmes aux frais de fonctionnement, pour la seule année 2018. Une réduction des coûts qui avait provoqué la colère de Delphine Ernotte et l'inquiétude des salariés du groupe et des professionnels de l'audiovisuel.