C'est une première depuis dix ans. En 2019, le montant de la contribution à l'audiovisuel public, (dite "CAP" et plutôt connue sous le titre de redevance, ndlr), actuellement fixé à 139 euros en métropole et à 89 euros en Outre-mer, ne connaîtra pas de nouvelle hausse. Après avoir été stable de 2002 à 2008, le montant de la redevance n'avait cessé d'augmenter, passant de 116 à 139 euros, soit une hausse brute de 23 euros (+20%). Cette hausse est notamment due à l'indexation de la redevance sur l'inflation (hors tabac) décrétée par la loi de finances de 2009 pour compenser notamment l'arrêt de la publicité sur France Télévisions après 20 heures.
Dans les faits, la hausse de la redevance a été près de deux fois plus importante que celle de l'inflation, en raison des coups de pouce réguliers qui ont été accordés pour boucler le budget de l'audiovisuel public. Alors que l'inflation devrait être d'un peu plus de 2% cette année, le gouvernement a donc fait le choix de ne pas bénéficier d'une revalorisation de 2 euros du montant de la redevance (un euro correspondant à un point d'inflation, ndlr). "Le Président a pris des engagements auprès des Français pour leur redonner du pouvoir d'achat, ce gel s'inscrit dans ce contexte", indique le ministère de la Culture, interrogé par nos confrères du "Figaro".
En raison de la hausse de l'assiette de contribuables qui payeront la redevance, le gouvernement devrait néanmoins empocher des recettes en hausse de 50,5 millions d'euros. Malgré la hausse continue depuis 2009, la France est loin d'être la championne d'Europe de la redevance télé. Les redevances audiovisuelles, qui n'ont pas de modèle fixe en Europe, s'élèvent ainsi à 380 euros en Suisse, 238 euros en Suède, près de 175 euros en Grande-Bretagne et 210 euros en Allemagne, selon des chiffres compilés par un récent rapport de députés de la majorité. À l'échelle européenne, la France, dont l'audiovisuel public est moins développé que celui de ses voisins britanniques et allemands, est en milieu de peloton.
En 2019, pour la première fois, France Télévisions sera uniquement irriguée par les recettes de la redevance, en vertu de la hausse de l'assiette de contribuables et de la baisse de 35 millions d'euros de l'enveloppe du budget de l'audiovisuel public. France Télévisions se passera ainsi des 86 millions de recettes de la TOCE, dite "taxe Copé" ou "taxe telco", désormais allouées à l'État. Comme l'écrivent nos confrères des "Echos", l'ouverture du chantier de la réforme de la redevance, potentiellement "déconnectée de de la détention d'un téléviseur" à l'horizon 2020 devrait acter une pérennisation des ressources de France Télévisions.