Aux médias, elle dit non ! La tenniswoman Naomi Osaka a annoncé sur les réseaux sociaux qu'elle ne participera à aucune conférence de presse durant le célèbre tournoi de tennis français qui débutera ce dimanche. Dans ce message, elle évoque notamment sa santé mentale et celles de ses collègues : "j'ai souvent eu la sensation que les gens n'avaient aucun respect pour la santé mentale des athlètes et ça sonne très vrai à chaque fois que je regarde ou participe à une conférence de presse", écrit la numéro 2 mondiale. Elle déplore un cadre médiatique qui crée du doute chez les compétiteurs : "On est souvent assis là, à répondre à des questions qu'on nous a déjà posées à de multiples reprises, ou des questions qui amènent du doute dans notre esprit. Je refuse de me soumettre à des gens qui doutent de moi" affirme-t-elle sur Twitter.
C'est donc pour se protéger des ondes négatives et parasites que la tenniswoman a décidé d'écarter toutes conférences médiatiques. Elle se justifie notamment en évoquant d'autres joueurs, touchés durement par certains médias : "J'ai regardé de nombreuses vidéos d'athlètes qui fondent en larmes après une défaite en conférence de presse" déclare-t-elle en faisant référence aux images de l'Open d'Australie, en début d'année, lorsque Gaël Monfils, Sofia Kenin et Serena Williams avaient, tour à tour, fondu en larmes face aux journalistes après leur récente élimination.
Sur les circuits WTA et ATP comme en Grand Chelem, il existe des obligations médiatiques pour les joueurs. Les conférences de presse d'après-match sont, en effet, obligatoires, sauf en cas d'abandon lié à une blessure ou à une maladie. Mais Naomi Osaka explique que pour elle, "c'est comme frapper quelqu'un à terre, je ne comprends pas quel est le raisonnement derrière ça". La joueuse de 23 ans encourt des sanctions financières allant jusqu'à 20.000 dollars (environ 16.400 euros) d'amende à chaque absence. "J'espère que l'énorme montant que je vais payer en amendes sera reversé à une association sur la santé mentale", assume Naomi Osaka, qui a reçu le soutien de l'Américaine Venus Williams, connue pour ses conférences de presse laconiques.
Au Japon, cette nouvelle sème la confusion. La télévision nationale Wowow - dont les journalistes sont déjà sur place, à Paris - est perplexe et ne sait pas si elle pourra interroger sa championne. "Les confrères japonais sont sans voix, ils ne comprennent pas ce qu'il se passe", indique "L'Equipe". Même son de cloche pour le directeur du tournoi, Guy Forget : "Je crois que c'est un peu maladroit de sa part", soupire-t-il. "Je trouve cette déclaration un peu étonnante. (...) C'est sûr que c'est embêtant. Tout le monde doit faire des efforts. Je ne sais pas quelle sera son attitude dans les jours qui viennent, mais ça n'envoie pas un message très positif".
Pour le président de la Fédération Française de Tennis, Gilles Moretton, le choix de la joueuse est une aberration. "C'est un profond regret, pour vous, journalistes, pour elle personnellement et pour le tennis en général. Je pense que c'est une erreur phénoménale. Ce qui se passe là n'est, à mon sens, pas acceptable. On va se cantonner aux lois et aux règles pour les pénalités et les amendes. C'est très préjudiciable au sport, au tennis, à elle probablement. Elle heurte le jeu, elle fait du mal au tennis. C'est un vrai problème", déplore le responsable. Le "media day", journée consacrée aux conférences de presse qui se tient aujourd'hui, se fera donc sans elle cette année.