La Zarra réussira-t-elle à briser la malédiction de la France à l'Eurovision ? 46 ans après la dernière victoire tricolore au concours européen de la chanson - c'était en 1977 avec Marie Myriam et son titre "L'oiseau et l'enfant -, la délégation française emmenée par Alexandre Redde Amiel a misé sur la chanteuse canadienne pour ramener la coupe à la maison. Ce samedi 13 mai 2023, c'est devant une centaine de millions de fans que La Zarra entonnera donc son tube "Evidemment" pour faire chavirer les téléspectateurs de la planète. Avant de s'envoler pour Liverpool, la chanteuse canadienne a accepté de se confier sur sa préparation à puremedias.com.
Propos recueillis par Benjamin Rabier
puremedias.com : Le 12 janvier dernier, France 2 annonçait que vous deveniez la représentante de la France au 67e concours de l'Eurovision. Qu'est-ce qui a changé dans votre vie depuis ?
La Zarra : Depuis ce jour-là, j'ai beaucoup de problèmes... (elle éclate de rire). Maintenant je peux booker tous mes festivals trois fois plus chers qu'avant... Plus sérieusement, ça a donné un coup de projecteur à ma carrière, un nouveau souffle à mes chansons car des gens qui ne me connaissaient pas, sont venus m'écouter. Avant cette annonce, j'étais inactive depuis plusieurs mois donc on a tout de suite vu un boom dans les écoutes de mes chansons sur les plateformes de streaming. Ça me fait plaisir de voir que cet événement amène des gens à écouter mes titres, à découvrir mon premier album. Beaucoup ne me connaissaient pas forcément donc c'est que du bon pour moi. Après, tout va un peu vite pour moi, surtout que je suis en train de préparer mon deuxième album à côté, mais ce n'est que du bonheur.
Comment se prépare-t-on pour un événement de cette envergure ?
Du mieux que je peux. Ce concours exige une bonne hygiène de vie. Après, entendons-nous, je ne suis pas le genre d'artistes qui court de droite à gauche sur une scène. Mais l'aspect mental est très important. Je sais que lorsque j'ai des blocages au niveau de ma voix, tout vient de mon cerveau. Il faut juste que j'arrive à gérer le stress. Je pense avoir les bons outils pour le faire.
France Télévisions met-elle à votre disposition des coachs pour mieux appréhender le grand soir ?
On m'a proposé des coachs vocaux, mais j'ai refusé. J'apprends encore seule car c'est comme ça que j'ai appris à chanter. C'est important pour certains chanteurs de ne pas avoir de professeur de chant car ça pourrait déformer leur voix, leur manière de chanter. C'est ce que j'ai remarqué donc je travaille sur ma voix de mon côté. Après, c'est ma responsabilité de m'entourer des gens qui peuvent m'aider à évoluer artistiquement.
"On veut vraiment gagner. Toute l'équipe se donne à 100% pour atteindre cet objectif"
Ressent-on une pression à l'idée de chanter devant plus de 100 millions de téléspectateurs ?
On est tous stressés, on a tous la pression car on veut bien faire. On veut vraiment gagner. Les autres années aussi mais je pense qu'aujourd'hui toute l'équipe se donne à 100% pour atteindre cet objectif. L'événement en tant que tel est oppressant car tout va très vite et on doit performer sur une scène en peu de temps.
Vous vous doutiez que l'Eurovision c'était si énorme ?
On me l'avait dit mais je n'avais peut-être pas compris que c'était de ce niveau-là. Ce que je trouve assez cool c'est les fans de l'Eurovision. Ils sont passionnés, ils comprennent notre musique. C'est eux qui me motivent le plus.
Vous avez beaucoup fait réagir les réseaux sociaux avec vos stories Instagram. Est-ce que vous vous attendiez à être à ce point scrutée ?
Ça m'a surpris car je dis souvent plein de conneries sur Instagram (elle rigole). Je ne savais pas que les gens regardaient vraiment. Depuis, heureusement, tout le monde a compris que j'avais un sens de l'humour assez spécial. Les Eurofans ont compris que j'avais un côté un peu loufoque.
Être représentante de la France à l'Eurovision oblige-t-il à une certaine retenue ?
De base, je ne suis pas trop sur les réseaux sociaux. Pour moi, ils sont bons pour certaines choses, mais pour répondre à votre question, non je ne me retiens pas pour aller dire certaines choses. Après, de base, je n'irais pas moi-même sur Instagram pour lancer un débat politique avec mes abonnés. J'y suis pour le fun, pour rigoler avec eux et partager ma musique. Ce n'est que de la bonne humeur.
"On va vraiment ajuster la chanson pour qu'elle soit cohérente avec la scène de Liverpool"
Comment avez-vous travaillé votre prestation ?
On travaille en équipe. On voulait quelque chose qui représente bien la France. On a amené une mise en scène un peu plus show peut-être par mon côté canadien. On a mis un peu de danger dans cette prestation. Musicalement, on a appuyé sur certains moments de la chanson pour que le titre soit légèrement plus dynamique. On est sur une grosse prestation donc on a voulu accentuer certaines sonorités. On va vraiment ajuster la chanson pour qu'elle soit cohérente avec la scène de Liverpool.
Combien de réunions avez-vous eu avec France Télévisions depuis le 12 janvier ?
Ohla, c'est plusieurs fois par semaine. En visio, par téléphone, etc... Beaucoup de réunions, trop parfois.
Les bookmakers vous prédisent une place dans le top 10 du classement final : heureuse ?
Je pense que je devrais être plus haut (rire). J'aime bien arriver en sous-marin, c'est comme ça que je suis arrivée dans la musique. J'aime l'idée que les gens ne fassent pas attention à moi, qu'ils pensent que je ne suis pas dangereuse. J'aimerais bien être au moins dans le top 3... top 1 (elle rigole). Hors du top 3, je serais déçue.
"Loreen (Suède) a compris les règles du jeu"
Quel regard portez-vous sur vos adversaires ?
Cette année, il y a plusieurs concurrents qui sont déjà rodés à l'Eurovision parce qu'ils ont déjà participé par le passé (Loreen pour la Suède, Marco Mengoni pour l'Italie) par exemple. Ils connaissent très bien le concours. Je pense que la France a quelque chose d'un peu différent à offrir cette année. Quelque chose d'un peu plus exotique.
Loreen, la représentante de la Suède est archi-favorite avec son titre "Tattoo". Que pensez-vous du morceau ?
C'est une chanson qui est très bien produite. C'est une vraie chanson Eurovision. Elle a compris les règles du jeu.
L'Eurovision c'est le début d'une carrière internationale pour vous ?
La France c'est bien, mais l'international, ce serait l'idéal pour moi. Je viens du Canada, je suis déjà à l'international dans ma tête (elle éclate de rire) donc il faut juste que je continue sur cette lancée.