Une médiatisation qui n'a pas été du goût de tout le monde. Le 5 avril 2017, au lendemain du débat organisé entre les 11 prétendants à l'élection présidentielle retransmis sur BFMTV et CNews, l'émission "C à vous" sur France 5 avait diffusé un sujet sur les coulisses de la soirée. Dans le cadre de la rubrique "Le 5 sur 5", alors animée par Maxime Switek, un journaliste du talk-show s'était rendu sur le parking du studio de la Plaine Saint-Denis où avait lieu le débat, pour interroger à chaud différents protagonistes.
Et outre l'entourage des candidats, le journaliste de "C à vous" s'était fait "un nouvel ami" selon les mots employés par Maxime Switek, en la personne du chauffeur du patron de BFMTV Alain Weill. Sur les images diffusées à l'époque, on voit ainsi le journaliste prénommé Arthur demander à un homme en costume qui il attend. "L'organisateur", précise-t-il en faisant allusion à Alain Weill. Dans la séquence suivante, le journaliste s'engouffre dans la voiture du PDG pour suivre sur l'écran télé installé à l'intérieur le débat qui se déroule au même moment. "Et c'est donc confortablement installé dans cette voiture qu'Arthur a regardé le débat", a résumé non sans ironie Maxime Switek, sans préciser si le journaliste avait pu suivre l'intégralité de l'émission depuis la voiture d'Alain Weill.
Cette séquence a provoqué la colère du grand patron, à en croire nos confrères de "Capital", qui évoquent un licenciement pour faute grave de David Boutet, son chauffeur. Un licenciement survenu en juin 2017, après presque trois ans de collaboration. La lettre de licenciement citée par nos confrères stipule : "Vous avez laissé ce journaliste de 'C à vous' pénétrer et s'installer dans le véhicule sans aucune surveillance. Vous êtes responsable de la surveillance du véhicule. Vos responsabilités impliquent donc qu'aucune personne non autorisée puisse accéder à cet espace".
Un licenciement contesté devant les prud'hommes par David Boutet, pour qui ce renvoi est motivé par la réclamation de longue durée d'heures supplémentaires non payées. Le chauffeur assure également ne pas avoir voulu "faire de scandale" devant la caméra de France 5, précisant qu'il n'avait pas donné son accord au journaliste et qu'il l'a fait sortir "dès qu'il a pu".
Selon un porte-parole du groupe, David Boutet a d'abord menti en assurant à son patron qu'aucun journaliste n'était monté dans son véhicule ce soir-là. "Dès lors, M. Weill considérait que M. Boutet n'était plus digne de confiance. En outre, l'intrusion de journalistes dans la voiture était grave car M. Weill laissait dans sa voiture des dossiers confidentiels", précise cette même source.
En première instance, l'employé licencié a été débouté de sa demande d'indemnités (120.634 euros) par les prud'hommes ; le conseil estimant que la faute grave était caractérisée. "La diffusion de ces images par une chaîne concurrente afin d'ironiser sur le rôle d'Alain Weill, et le risque encouru de divulgation de secrets en laissant présente une personne extérieure, caractérisent une faute grave", peut-on lire dans le jugement. Le chauffeur a fait appel de cette décision. Une nouvelle audience s'est tenue le 1er octobre et la décision doit être rendue le 25 novembre prochain.