Ce mardi, "Mediapart" révèle que la vidéaste, Clothilde Chamussy, qui gère la chaîne de vulgarisation "Passé sauvage", a déposé plainte contre Léo Grasset, youtubeur de la chaîne "Dirty Biology", forte de 1,2 million d'abonnés. Il est visé par une plainte pour "harcèlement sexuel" en raison de "propos ou comportements à connotation sexuelle ou sexiste imposés de façon répétée".
Le 23 juin dernier, le site d'investigation avait mis en ligne une enquête sur Léo Grasset, dans laquelle "Mediapart" avait recueilli des accusations de violences sexuelles et psychologiques contre le vidéaste. Une créatrice de contenus, souhaitant conserver l'anonymat, avait notamment accusé le youtubeur de l'avoir violée en 2016. De son côté, il avait "contesté totalement les accusations" relayées à son encontre et avait précisé se tenir "à l'entière disposition de l'autorité judiciaire si elle estimait nécessaire d'ouvrir une enquête".
"Je voulais depuis longtemps qu'il y ait une enquête judiciaire qui s'ouvre, que d'autres personnes soient interrogées", a expliqué Clothilde Chamussy à "Mediapart". Et d'ajouter : "J'ai compris et senti que je m'étais mise en mouvement (après avoir témoigné dans la première enquête de 'Mediapart', ndlr). Maintenant, je ne peux pas m'empêcher d'agir". La vidéaste spécialisée en histoire, souhaite désormais "une condamnation, qui répare, qui a une valeur pédagogique et qui protège les jeunes" : "Et c'est aussi pour encourager les autres femmes à le faire que j'ai déposé plainte".
Dans sa plainte, que "Mediapart" a pu consulter, Clothilde Chamussy détaille le harcèlement sexuel qu'elle aurait subi. Lors d'un festival de sciences à Paris en 2016, Léo Grasset lui aurait lancé : "J'ai vu ta chaîne, c'est du bon boulot pour une femme". Il se serait excusé après de ces propos. La vidéaste, détenant 120.000 abonnés sur Youtube, rapporte également des propos qu'il aurait tenus au Play Azur Festival, à Nice, en 2017 : "Je te toucherais bien les fesses, mais on n'est pas assez amis", "Ca te dirait du sexe d'après-midi ?".
Elle raconte aussi avoir reçu des insultes sexistes de sa part, comme "Espèce de gros sac à foutre", et relate des "réflexions sexistes" sur sa mère. Lors du tournage de l'émission "Le Vortex" en 2018, en collaboration avec Arte, Léo Grasset aurait installé un "climat sexualisé" et aurait "parlé de porno à table". "Il a fait une liste de youtubeuses avec qui il avait envie de coucher", ajoute-t-elle dans le procès-verbal.
Interrogés par "Mediapart", les avocats de Léo Grasset ont répondu : "Nous prenons acte de l'information d'un dépôt de plainte par madame Clothilde Chamussy. Monsieur Grasset conteste tout harcèlement sexuel. Il ne souhaite pas s'exprimer dans la presse sur ces allégations et, comme déjà indiqué, se tient à l'entière disposition de l'autorité judiciaire".