Elle fait une pause sur les soirées politiques. Après avoir évoqué le succès de "Quelle époque", nouvelle talk du samedi soir qu'elle anime depuis la rentrée sur France 2, Léa Salamé se confie sur les émissions politiques qu'elle animait sur le service public. Cash comme très rarement, la journaliste fait un état des lieux du paysage politique et évoque ses projets de prime time sur la deuxième chaîne.
Propos recueillis par Florian Guadalupe.
Vous êtes à la tête de "Quelle époque" depuis plusieurs mois. Aujourd'hui, préférez-vous animer un talk ou une émission politique très sérieuse ?
Au stade de ma vie, je suis beaucoup plus heureuse à "Quelle époque". C'est moi qui ai arrêté l'émission politique sur France 2. J'avais l'impression d'avoir bouclé la boucle. J'ai fait un quinquennat d'Emmanuel Macron à la tête de cette émission. J'ai fait deux présidentielles, 2017 et 2022. 2017 était largement plus intéressante que 2022. 2022, c'était un peu une non-campagne et un peu une frustration. Ca a vraiment été ma décision. Je pense que j'étais arrivé au bout de quelque chose. J'ai aimé ça. Il y a quelque chose de vertigineux à présenter trois heures de direct d'émission politique. J'ai dû faire 60 primes politiques ces dernières années. C'est flippant et la pression est maximale, mais ça a été galvanisant.
"Je ne vous dis pas que je ne reviendrai pas un jour à l'émission politique à la télévision".
La période politique est peut-être aussi moins passionnante, non ?
Oui, j'ai aussi souffert, comme tous les journalistes politiques, d'un moment politique moins intéressant. Mais je ne veux pas participer au bashing. Moi, je les aime les politiques. Je les trouve parfois touchants. Ce qu'ils se prennent dans la gueule, ce n'est pas évident. Toutefois, oui, il y a une baisse de niveau. Quand j'ai commencé ce métier, j'étais droguée à l'histoire politique. J'ai débuté en interrogeant Philippe Seguin, Charles Pasqua, Nicolas Sarkozy, François Hollande, qui chacun dans sa gamme était un animal politique. Aujourd'hui, il y en a de moins en moins. Je les comprends aussi. Avec les réseaux sociaux, tu as peur du bad buzz. Ils se répriment et ça devient des éléments de langage. Mais au-delà des éléments de langage, c'est une affaire de charisme. C'est une affaire de tripes. Il n'y en a plus beaucoup. Je les compte sur les doigts d'une main et je peux citer dans chaque parti ceux qui ont "un truc" : François Ruffin, Gabriel Attal, Jordan Bardella... Ce sont des talents politiques.
Avez-vous fait une croix sur les émissions politiques ?
Non. Je ne vous dis pas que je n'y reviendrai pas un jour. C'est mon ADN. Là, c'était ma demande. Je le savais avant que Laurent Ruquier n'arrête. C'était une décision que j'avais prise deux ans auparavant, en me disant : "Tu clos avec la présidentielle". J'ai eu la chance et l'honneur d'animer de grands moments politiques. J'ai fait le débat d'entre-deux-tours. J'ai fait l'interview du 14 juillet. J'ai animé les grands débats des primaires. J'ai eu beaucoup de chance. J'ai vibré. J'ai eu peur. J'ai eu envie d'autres choses. Puis, aujourd'hui, il y a une jeune génération de journalistes politiques qui est intéressante. Je pense notamment à Benjamin Duhamel de BFMTV et Amélie Carrouer de LCI. Ils sont en train de tracer leur sillon dans l'interview politique.
"Les primes en général, c'est difficile. Politique ou pas, ça devient compliqué. Même les primes de divertissement".
N'avez-vous pas été frustrée en voyant qu'Emmanuel Macron, qui a longtemps boudé le service public, a accordé deux soirées politiques à France 2 à la rentrée dernière ?
Non, j'étais contente. A titre personnel, j'ai beaucoup interviewé Emmanuel Macron pendant son premier quinquennat. Si je ne l'avais pas interviewé, j'aurais été frustrée. Et non, j'étais très contente qu'il revienne sur le service public. Donc, pas de frustration sincèrement. J'ai lu dans la presse people qu'on essaye de créer des rivalités entre Caroline Roux et moi... Je ne peux pas dire autre chose que c'est ma décision. Si j'avais été virée, j'aurais eu les boules, mais là, c'est ma décision.
Vous, qui avez animé les soirées politiques de France 2 durant plusieurs années, comment analysez-vous les audiences compliquées de "L'Evénement" ?
Oui, c'est parfois dur quand on n'est pas porté par l'actu. Je l'ai dit à Caroline Roux quand elle a repris l'émission politique. Aujourd'hui, les primes politiques avec le personnel politique, en-dehors d'Emmanuel Macron, c'est plus difficile. Ensuite, il faut continuer à faire des primes politiques. C'est ça la différence du service public par rapport aux autres chaînes. Sur l'année présidentielle, qui n'était pourtant pas passionnante, on a une moyenne de 2 millions de téléspectateurs sur les quinze primes qu'on a faits. Certaines émissions de divertissement ne font pas ces scores. Donc, Caroline Roux doit continuer, creuser son sillon et imposer son style. Elle le fait déjà très bien. Je vais vous dire, les primes en général, c'est difficile. Politique ou pas, ça devient compliqué. Même les primes de divertissement. Quand "L'Evénement" sera porté par l'actu, ça marchera. Il faut continuer à le faire. Il faut continuer à avoir un grand rendez-vous politique en prime time. C'est d'ailleurs dans le cahier des charges du service public.
"Parfois, on me propose de présenter seule et c'est moi qui demande à être en binôme"
Vous deviez animer avec Michel Cymès un prime time sur la santé fin janvier sur France 2. Il a été déprogrammé pour des raisons juridiques. La soirée va-t-elle revenir ?
Oui. Elle va revenir. Il y a eu un problème de droits juridiques dans un hôpital. Ensuite, on a décidé de laisser passer la mobilisation sur les retraites. Il sera reprogrammé en mars. Je n'ai pas encore la date exacte. Je participe avec plaisir sur ces grands primes de France 2. Le 14 mars, il y a la soirée "Unis face au séisme" avec Stéphane Bern. J'ai animé "Aux arbres citoyens" avec Hugo Clément. J'étais hyper fier de cette émission car c'était nouveau. On a tenté quelque chose en mobilisant les Français une soirée autour des arbres. Ce n'était pas évident sur le papier. On m'a toujours dit d'éviter les émissions écolos car c'est le crash assuré. Finalement, on a fait 1,7 million de téléspectateurs. C'est très honorable pour une émission comme ça. On a pu récolter 2 millions d'euros pour planter des arbres en France et protéger les forêts. Je trouve que ça a du sens.
En quoi va consister cette soirée "Unis face au séisme" sur France 2 ?
Pour la soirée "Unis face au séisme", ça faisait des jours que la direction de France Télévisions réfléchissait à un programme, en se disant que c'était la pire catastrophe humanitaire depuis des décennies dans cette région du monde. On ne peut pas rester à ne rien faire. Stéphane Bern et moi avons dit oui tout de suite quand on nous l'a proposée. On va essayer de faire une soirée joyeuse, mobiliser les gens, récolter des dons et avoir des témoignages forts.
Hugo Clément, Michel Cymès, Stéphane Bern... C'est encore Léa et les garçons, même en prime time.
Oui, c'est ça. (sourire) Mais moi, les duos ne m'emmerdent pas. Parfois, on me propose de présenter seule et c'est moi qui demande à être en binôme. Je n'ai pas de problèmes d'égo. J'aime bien varier les garçons. Je suis très infidèle cette année. (rires) Ca valse.
La suite de l'entretien à découvrir demain sur puremedias.com.