Interview
Léa Salamé sur le succès de "Quelle époque" : "C'est miraculeux, mon angoisse était qu'on nous éjecte à Noël"
Publié le 24 février 2023 à 11:00
Par Florian Guadalupe | Journaliste
Passionné de sport, de politique et des nouveaux médias, Florian Guadalupe est journaliste pour Puremédias depuis octobre 2015. Ses goûts pour le petit écran sont très divers, de "Quelle époque" à "L'heure des pros", en passant par "C ce soir", "Koh-Lanta", "L'équipe du soir" et "La France a un incroyable talent".
La présentatrice Léa Salamé se confie auprès de puremedias.com dans une série d'interviews. Dans cette première partie, elle dresse un bilan de ses premiers mois à la tête de "Quelle époque" sur France 2.
La bande annonce de "Quelle époque !" sur France 2 © Gilles Gustine/FTV
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Quel bilan ! Depuis la rentrée de septembre 2022, Léa Salamé est à la tête du nouveau rendez-vous du samedi soir de France 2, "Quelle époque". Pour ce nouveau talk, la présentatrice est entouré de Christophe Dechavanne, Philippe Caverivière et Paul de Saint-Sernin, et reçoit les invités qui font l'actualité du moment.

Côté audiences, l'entame de "Quelle époque" est un succès sur France 2. La case du samedi soir est à son plus haut depuis la saison 2018/2019, avec en moyenne et en audience selon Médiamétrie 1,09 million de téléspectateurs et 15,6% des individus de quatre ans et plus. Et en audiences consolidées, avec la prise en compte des replays, la moyenne s'élève à 1,2 million de fidèles, soit une part de marché de 16% du public. A l'occasion de ces bons chiffres, Léa Salamé accorde une série d'entretiens à puremedias.com.

Propos recueillis par Florian Guadalupe.

puremedias.com : Quel bilan tirez-vous de ces premiers mois à la tête de "Quelle époque" sur France 2 ?
Léa Salamé :
Je suis très heureuse. En audiences, c'est au-delà de nos attentes et de nos espérances. Je ne pensais pas qu'on installerait le rendez-vous aussi rapidement. De ce point de vue, je trouve ça assez miraculeux. Mais au-delà même de l'audience, ce qui me fait le plus plaisir, c'est les retours qualitatifs des gens. Ce qui me touche particulièrement, c'est ce que les gens me disent dans la rue. Ils prennent plaisir à venir. Ils disent qu'on leur fait du bien. Ils se marrent. Ils attendent le rendez-vous du samedi. Ce sont sans doute les phrases les plus touchantes que j'ai entendues en télé depuis longtemps. Donc, c'est un peu un petit miracle. Ce n'était pas gagné. On ne va pas se mentir.

Aviez-vous douté ?
Philippe Caverivière m'a dit après cinq ou six émissions, quand le rendez-vous s'est installé : "Maintenant, je peux te le dire. Tout le monde m'a dit que sans Laurent Ruquier, ça fera 500.000". Je pensais vraiment qu'il y avait un risque. On me disait que j'étais trop journaliste, trop "émission politique", pas "samedi soir". Je suis passée après deux hommes "puissants" (Laurent Ruquier et Thierry Ardisson, ndlr) qui ont vraiment incarné ce rendez-vous pendant seize ans l'un et huit ans l'autre. Il y avait mille raisons pour que ça ne marche pas. Il y a l'attachement à Laurent Ruquier mais aussi le fait que je suis très journaliste avec un profil politique. Finalement, ça a marché. Je regarde le truc en souriant. C'est une forme de récompense de quinze ans de travail acharné.

"L'objectif de la première année était de stabiliser l'audience et de ne pas perdre trop de gens" Léa Salamé

Cette récompense se caractérise par le très bon bilan d'audience de l'émission. Vous signez la meilleure entame dans cette case du samedi soir depuis la saison 2018/2019. Vous attendiez-vous à un tel résultat ?
Non, pas du tout. L'objectif de la première année était de stabiliser l'audience et de ne pas perdre trop de gens. Je pensais honnêtement qu'il y aurait un effet de curiosité sur la première, notamment avec Christophe Dechavanne, mais je pensais que ça allait ensuite baisser. On avait même fait des plans en se disant que ça baisserait jusqu'à Noël et qu'il faudrait attendre après Noël pour essayer d'atteindre un nouveau public. On n'avait pas du tout imaginé que ça s'installerait aussi vite. Je ne saurais pas vous dire pourquoi. Je sais qu'il y a beaucoup de raisons différentes. C'est un peu tarte à la crème de le dire, car tout le monde le dit, mais c'est vraiment un travail d'équipe. C'est un mélange entre les garçons et moi. C'est vraiment "Léa et les garçons", comme on m'a dit une fois.

C'est en effet une équipe avec de forts caractères !
Oui, d'abord, il y a Christophe Dechavanne . Il est redevenu hype ! Et pourtant, ce n'était même pas sûr au début que ce soit la bonne idée. (rires) Quand l'information est sortie, des gens m'ont dit : "Mais tu es folle, il va te bouffer. Il est numéro 1, Dechavanne. On ne peut pas être numéro 2". J'ai entendu tout et le contraire de tout. Et lui aussi a dû tout entendre sur moi. Il se révèle être formidable et à sa place. Il prend plaisir et bosse comme jamais il n'a bossé. Il le dit lui-même ! Il regarde les films, lit les livres, pose des questions sur la politique et se rencarde sur des trucs que même moi je ne connais pas. Par ailleurs, j'ai rencontré une personne qui est humainement très attachante. C'est un garçon qui est plein de failles. C'est un mec bien. Il est extrêmement sensible. Il est vivant et vibrant. Il me touche beaucoup.

"Les gens attendent Philippe Caverivière car il défonce le politiquement correct" Léa Salamé

Vous avez gardé Philippe Caverivière, qui était déjà dans "On est en direct".
L'année dernière, il a confirmé pendant la présidentielle. Cette année, c'est son envol absolu. Je découvre un mec ultra doué. C'est un rendez-vous que les gens attendent. Tout le monde m'en parle. La directrice d'école de mon enfant dit : "Je l'attends tous les samedis soir". Elle m'a aussi dit : "Je ne comprends pas. Il ne s'est jamais pris une baffe dans la rue tellement il y va ?". Les gens l'attendent car il défonce le politiquement correct. La semaine dernière, il a fait une blague sur la Shoah devant Bernard-Henri Lévy et Kev Adams. Je me suis dit que ça n'allait pas passer. Je vois les autres en train de tirer la tronche. Il y va et ça passe. Allez savoir pourquoi ça passe... Peut-être à cause de sa gueule d'ange. (rires) Humainement, lui aussi, c'est un mec bien. Je suis hallucinée de voir son obsession pour son association. Dès qu'il voit un invité, il va lui parler de son association Léo (qui vient en aide aux enfants malades de cancer, ndlr). Il les chope dans le coin ! Ce n'est pas une posture. Ce n'est pas l'artiste qui s'investit pour son image. Il a un vrai engagement.

Puis, vous avez fait le choix de prendre Paul de Saint-Sernin, un sniper à la Laurent Baffie.
C'est la bonne surprise. Il est super ce garçon. On l'a essayé et testé. C'est notre "petit jeune qui monte". C'est un très bon sniper, il est impitoyable, et en même temps, il n'est pas trop méchant, donc on a envie d'être son pote et de partir en vacances avec lui. Je pense qu'il va exploser. Vous verrez qu'il fera des spectacles. On veut le faire grandir. Ces trois personnes sont de grosses personnalités... Avec moi ! (rires) Je ne suis pas évidente non plus. Donc, vous avez quatre personnalités assez affirmées. Il y avait toutes les raisons pour que ça ne fonctionne pas, avec des questions d'égo. Et pourtant... Après l'émission, on va prendre des verres ensemble, avec toute l'équipe. On se marre. On se vanne. C'est ultra fluide. Il y a vraiment une bonne ambiance.

"La réussite de 'Quelle époque', c'est aussi son producteur" Léa Salamé

Sans oublier le producteur de l'émission, Régis Lamanna-Rodat.
Tout à fait, la réussite de "Quelle époque", c'est aussi son producteur. La réussite des grandes émissions de télé que ce soit "On n'est pas couché", "Tout le monde en parle", "Quotidien" ou "Le grand journal", c'est très souvent un couple entre un présentateur et un producteur. De ce point de vue, on s'est vraiment trouvés, comme Laurent Bon avec Yann Barthès, Renaud Le Van Kim avec Michel Denisot, Catherine Barma avec Thierry Ardisson, puis Laurent Ruquier au début. Régis et moi, c'est une belle histoire. On a le même âge. On a eu un crush l'un sur l'autre il y a très longtemps. Moi, j'étais à iTELE et lui, il était programmateur sur "Le Supplément". C'était un bébé "Laurent Bon". Il tannait à l'époque Laurent Bon : "Il faut qu'on la prenne, cette fille d'iTELE. Elle a un truc !". Ca ne s'était pas fait. Il a ensuite été producteur éditorial de "C à vous" pendant longtemps. Il a travaillé avec Anne-Sophie Lapix, puis avec Anne-Elisabeth Lemoine. Depuis huit ans, on s'est toujours dit qu'un jour, on travaillerait ensemble. C'était comme une évidence qu'on ait notre bébé à tous les deux. C'est un type moderne, malin, qui me tire vers des sujets plus populaires. Ce n'est pas forcément ma culture.

C'est-à-dire ?
Quand on a reçu Laëticia Hallyday dans "Quelle époque", ça a été l'un des moments forts de l'émission. On a fait 45 minutes d'interview, avec uniquement elle, Christophe Dechavanne et moi. Elle était en confiance alors qu'on ne la connaissait pas. Elle a accepté de se livrer comme jamais. Elle a parlé des infidélités de Johnny, mais aussi de ses infidélités. C'est la première fois qu'elle disait qu'elle avait trompé Johnny. Elle a parlé de la violence de Johnny... Ce n'était pas un petit entretien. Quand Régis était venu me dire qu'on allait faire Laëticia Hallyday, je lui ai répondu : "T'es sûr avec moi ? Est-ce que c'est vraiment pour moi ?". Et il m'a répondu : "T'es folle ! C'est ça qu'on veut voir ! On veut voir Laëticia Hallyday avec toi !". Moi, j'ai encore des réflexes de journaliste politique, un peu France Inter. Mais à chaque fois, il a raison. De la même manière, il m'amène des gens des réseaux sociaux comme Ragnar Le Breton ou Chicandier. Des gens que je ne connaissais pas spontanément.

Est-ce lui qui vous a amené vers quelque chose de plus populaire ?
Oui. On a travaillé ensemble cette mue de journaliste à animatrice. Il est toujours là. Il me dit tout le temps : "Là, c'est trop. Là, ce n'est pas assez". Je lui fais vraiment confiance. On n'a presque plus besoin de se parler, on se comprend tout de suite. Puis, on a un vrai travail d'artisanat lui et moi. On est tout le temps avec l'équipe de programmateurs à chercher ce qui est le mieux. Il faut savoir que l'émission se termine le vendredi soir à minuit. Régis passe ensuite toute la nuit jusqu'à 8h du matin lui-même dans la salle de montage. C'est un producteur à l'ancienne, qui va peaufiner le produit final. Il n'y en a plus beaucoup des producteurs artisans. La réussite de "Quelle époque", c'est aussi lui.

"Je n'ai jamais été aussi libre dans ma vie dans une émission télé" Léa Salamé

Avec cette dynamique, avez-vous à présent un nouvel objectif symbolique d'audience ? 20 points de PDA ?
Avec les J+7, on est déjà au-delà des 20% de PDA sur deux ou trois émissions. En linéaire, je ne sais pas. On n'est pas trop dans ce truc. Honnêtement, mon angoisse était de ne pas être en dessous de 10% et qu'on nous éjecte à Noël. Je me disais qu'il faut qu'on soit à 12% la première année. A 12%, ils nous maintiennent et signent une deuxième année. Aujourd'hui, on peut monter à 16%, 18%, 19%. Jamais je n'aurais pensé qu'en six mois, on aurait pu atteindre ces scores-là. Jamais. Et j'hallucine de voir que les gens restent jusqu'à 1h du matin. Parfois, à 1h45, le générique part et il y a 900.000 personnes. Ca veut dire qu'ils s'amusent.

Vous aussi, vous avez l'air de vous amuser.
Le moment est tellement chargé, entre la guerre, l'inflation, les difficultés économiques, etc. J'ai l'impression que les téléspectateurs ont trouvé ce rendez-vous du samedi soir comme un truc cathartique, où on se lâche. On se lâche ! Je ne me suis jamais lâchée comme ça autant. Même moi, ça me fait du bien. A la fin de l'enregistrement, on est tous heureux. Je n'ai jamais été aussi libre dans ma vie dans une émission télé. Je ne me suis jamais sentie aussi moi-même que là. J'en avais vraiment besoin. J'étouffais un petit peu dans le corset de l'émission politique, du gros prime statutaire. Il y a quelque chose en moi qui a été toujours été entre deux, c'est-à-dire entre la journaliste politique sérieuse et quelque chose de plus relâché, de plus déconneur et de plus marrant.

"J'ai vraiment l'impression que tout le monde me prenait pour une grosse reloue, chiante et dure !" Léa Salamé

Et ça, vous ne pouviez pas le montrer dans votre costume de journaliste politique.
Oui, ces dernières années, on ne le voyait plus. J'étais entré dans le rôle de la matinalière de France Inter et la présentatrice de l'émission politique. Ce rôle ne permettait pas la légèreté et l'amusement. Ce serait totalement à côté de la plaque de se lâcher dans une émission politique à 21h entre Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen. Ce serait mal vu et à juste titre. Et c'est pour ça que j'aimerais citer Stéphane Sitbon-Gomez. C'est lui qui m'a poussé à me poser les vraies bonnes questions et m'a donné la chance de m'exprimer différemment. On a eu des conversations très franches, lui et moi. Il m'a toujours dit : "Qu'est-ce que tu veux, Léa ? Tu rêves d'être Thierry Ardisson ou Anne Sinclair ? Choisis".

Vous n'aviez pas su choisir ?
Au fond, j'ai toujours oscillé entre ces deux trajectoires qui m'intéressaient. Quand j'étais chroniqueuse dans "On n'est pas couché" et à la présentation de "Stupéfiant", c'était une chose, et quand je fais les interviews politiques sur France Inter, c'était autre chose. J'ai l'impression que cette année, je peux être les deux : être dans la lignée d'Anne Sinclair et tendre vers ce modèle-là le matin ; être dans celle de Thierry Ardisson le samedi soir. Mais à la fin, je suis surtout de plus en plus moi-même. Après 40 ans, il y a quelque chose qui se passe en nous. Ce qui s'est passé en moi cette année, c'est un chemin qui fait qu'à un moment on se sent à sa place, on se sent centré... On n'est plus mal à l'aise et on devient soi-même. En fait, c'est la phrase de Cocteau : "Ce qu'on te reproche, cultive-le, c'est toi". Aujourd'hui, il n'y a plus d'artifices. Ce que vous voyez le samedi soir, c'est ce que je suis. Ca provoque des trucs où on me dit toute la journée : "Qu'est-ce que t'es sympa en fait !" (rires) J'ai vraiment l'impression que tout le monde me prenait pour une grosse reloue, chiante et dure ! Quelle image je devais renvoyer ! C'est un peu injuste parce que quand tu fais une émission politique en prime time, pour te faire respecter, il faut être ferme. On l'autorise beaucoup plus aux hommes qu'aux femmes. Ce n'est pas de l'agressivité, c'est de la fermeté. Oui, il y a une forme de dureté à avoir. Une émission politique n'est pas un lieu pour se marrer. On n'est pas là pour faire des blagues.

La suite de l'entretien à découvrir demain sur puremedias.com.

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