Natacha Polony réplique. La semaine dernière, la journaliste d'Europe 1 provoquait un tollé en publiant un tweet douteux en réaction à l'affaire Leonarda. L'auteur de la revue de presse de la matinale de Thomas Sotto avait publié une photo d'une Rom assise sur les marches d'un escalier du métro affublée d'un plaid griffé Givenchy. Sa légende : "Leonarda de retour en France pour la fashionweek...".
"Vous n'avez pas le monopole du rire", a répondu, ce week-end, la frondeuse de "On n'est pas couché" dans une longue tribune publiée dans l'hebdomadaire Marianne. "Il existe désormais en France un Conseil de l'ordre des humoristes patentés. Personne n'a le droit de rire sans leur visa", écrit la journaliste qui estime avoir été victime d'un "déferlement de violence, parfois de haine et d'insultes".
Revendiquant une culture proche de celle des magazines satiriques "Hara-Kiri" ou "Charlie Hebdo" et "un goût prononcé pour l'humour acide, voire acerbe", Natacha Polony revient sur son tweet. "Aussitôt, ce fut un embrasement. Un embrasement d'autant plus consternant que ce tweet passait pour le scandale médiatique du jour, alors que, franchement... mais chacun est libre de choisir ses priorités", estime la chroniqueuse qui dénonce férocement "le choeur des indignés".
"La vérité, c'est qu'après une heure de concert d'indignation, un premier commentaire a surgi : 'Moi, j'ai trouvé ça drôle. Où sont les coups de fouet ?' Puis un autre, puis des dizaines, des centaines d'autres (parmi eux, Maïtena Biraben, Elie Semoun... Merci !). Tous proclamant leur droit à l'humour. Tous s'agaçant de ces ligues de vertu qui font régner la terreur sur le net et dans les médias. Mais de cette insurrection du bon sens, aucune trace. Seule restera le sceau de l'infamie", poursuit Natacha Polony qui explique avoir retiré son tweet pour ne pas impliquer les médias pour lesquels elle travaille.
Natacha Polony revendique ensuite longuement son droit à faire des blagues. "Plaisanter est interdit à certains. Parce qu'il n'aura échappé à personne qu'en matière de blagues sur Léonarda, les humoristes et les dessinateurs de presse (autant que la masse des anonymes qui fréquentent le net) se sont déchaînés. Tout y est passé, de son physique aux préjugés les pires sur les Roms. Mais ils sont humoristes. Ils ont le droit. Une journaliste n'a pas la même position", écrit-elle en estimant que ne pas laisser l'humour aux professionnels est une preuve de la liberté d'expression.
Opposée à la "bien pensance" et au "politiquement correct", la journaliste revendique son droit à l'ironie. "Je ne vous laisse pas le monopole du rire, parce que je ne vous laisse pas le monopole du coeur. Et je ne vous laisse pas non plus la facilité de me faire entrer de force dans votre clivage gauche-droite que je récuse parce qu'il est aussi obsolète que vos fantasmes anti fascistes. Je continuerai donc à rire de tout à conscience déployée, de peur d'être obligée d'en pleurer, à ne pas me croire si importante que je ne puisse plaisanter et à ne pas m'excuser de chérir la France, son histoire, ses paysages, et tous ceux, d'où qu'ils viennent, qui l'aiment assez pour vouloir en perpétuer l'âme", finit la journaliste qui sera ce soir l'invitée du "Grand Journal de Canal+".