Retour à la case départ pour "Charlie Hebdo". Selon "La Lettre A" parue ce mardi, l'hebdomadaire satirique traverse une passe difficile, confronté à une baisse drastique de ses ventes en kiosques. Elles s'établissent actuellement à environ 60.000 exemplaires par semaine. A titre de comparaison, six mois après l'attentat de janvier 2015 survenu dans les locaux parisiens du journal, pas moins de 120.000 exemplaires s'écoulaient en moyenne chaque mercredi, contre 30.000 avant la tragédie.
Le chiffre d'affaires pâtit logiquement de la baisse de ces ventes, passé de 63,6 millions d'euros en 2015 à 8,4 millions trois ans plus tard. La trésorerie a elle aussi fondue en l'espace de trois ans : de 26 millions d'euros l'année de l'attentat, elle s'est réduite à 17,4 millions en 2018.
"Charlie Hebdo" souffre enfin des importantes dépenses liées à sa sécurité. Désormais installé dans des locaux ultra-sécurisés, à une adresse tenue secrète, l'hebdomadaire finance seul tous les frais engendrés par la présence d'une société privée tandis que la sécurité de certains membres du journal est assurée par le SDLP, le Service de la protection de la police nationale.
En janvier 2018, "Charlie Hebdo" avait déjà tenté d'alerter l'opinion sur le sujet. "Chaque semaine, au moins 15.000 exemplaires, soit près de 800.000 exemplaires par an, doivent être vendus uniquement pour payer la sécurisation des locaux de Charlie Hebdo", avait affirmé dans son édito Riss, directeur de la publication, avant de poser sans détours la question suivante : "Est-il normal pour un journal d'un pays démocratique que plus d'un exemplaire sur deux vendus en kiosque finance la sécurité des locaux et des journalistes qui y travaillent ?".
Seule embellie en perspective, comme le relatait "Le Monde" en juin dernier, le journal doit recevoir cette année "une aide publique lui permettant de couvrir une partie des 1,5 million d'euros de dépenses annuelles de sécurité qu'il doit toujours assumer depuis les attentats". De même, selon "La Lettre A", les pertes d'exploitation de "Charlie Hebdo" ont été réduites de 39% à la faveur de mesures d'économies.