La liberté d'expression, un éternel combat. Près de trois ans jour pour jour après l'attentat contre "Charlie Hebdo", survenu le 7 janvier 2015, le journal satirique revient largement dans son édition parue ce mercredi sur cet événement. A la Une, l'entrée d'un bunker, accompagnée de ce titre évocateur : "Trois ans dans une boîte de conserve". Dans son éditorial intitulé "Liberté d'expression, combien ça coûte ?", le directeur de la rédaction, Riss, explique pour la première fois comment est gérée la sécurité des locaux de l'hebdomadaire. "Depuis trois ans, Charlie Hebdo sort régulièrement dans les kiosques et a retrouvé sa place dans le paysage médiatique français. Mais à quel prix", pointe-t-il.
"Charlie Hebdo" a ainsi recours aux services d'une société privée, "payée par les ressources financières du journal" pour sécuriser ses locaux, tandis que la sécurité de certains membres du journal est assurée par le SDLP, le Service de la protection de la police nationale. "Cette protection est financée par les impôts auxquels nous contribuons tous, y compris ceux que Charlie Hebdo paye au titre de l'impôt sur les sociétés", rappelle Riss.
Même s'il concède que son journal dispose d'une trésorerie importante, fruit des ventes exceptionnelles générées en 2015, Riss souligne qu'elles ne seront pas éternelles. "Qu'arrivera-t-il à Charlie Hebdo le jour où ces réserves seront épuisées, après avoir été dépensées pour la protection des locaux du journal ?", s'émeut-il.
Riss a choisi un exemple concret pour bien faire comprendre à ses lecteurs les dépenses générées pour assurer la sécurité de "Charlie Hebdo", qui fait toujours l'objet de menaces de mort. "Chaque semaine, au moins 15.000 exemplaires, soit près de 800.000 exemplaires par an, doivent être vendus uniquement pour payer la sécurisation des locaux de Charlie Hebdo", affirme le directeur de la rédaction dans son édito, qui pose une question essentielle : "Est-il normal pour un journal d'un pays démocratique que plus d'un exemplaire sur deux vendus en kiosque finance la sécurité des locaux et des journalistes qui y travaillent ?".
Dans le reste du journal disponible depuis ce matin en kiosques, un long article de trois pages, intitulé "La vie à Charlie, ce que ces trois années ont vraiment changé", fait la part belle aux témoignages des membres de la rédaction. "Nous vivons au milieu d'une guerre qui peut reprendre à tout instant", résume la plume du journaliste Fabrice Nicolino.