Toujours au centre de l'attention. Près de trois ans après l'attentat qui a décimé sa rédaction et provoqué un mouvement de solidarité qui lui a permis d'engranger des recettes considérables, où en est "Charlie Hebdo" financièrement ? Selon "BFM Business", le journal satirique a réalisé 83 millions d'euros de chiffre d'affaires en deux ans, pour un résultat net de 16,9 millions d'euros. Malgré ce profit impressionnant, aucun dividende n'a été distribué. Et entre les objectifs affichés par la direction en 2015 et le résultat final, il y a une légère différence.
Ainsi, la fondation qui devait voir le jour pour défendre "le dessin de presse", ou encore pour "enseigner la liberté d'expression à l'école" est toujours dans les cartons. Même constat pour l'ouverture du capital aux salariés, promise par la direction, mais pas encore réalisée. Cette demande avait déclenché un conflit entre les responsables et 11 salariés de l'hebdomadaire, certains ayant décidé de claquer la porte du journal. Enfin, la version allemande du journal, lancée fin 2016, a été stoppée après seulement un an d'existence, faute d'avoir réussi à convaincre un nombre suffisant de lecteurs. Le nombre d'abonnés, lui, après avoir atteint un pic en février 2015, à 260.000 personnes, est retombé à 50.000 abonnés à l'automne 2016.
Le journal compte aujourd'hui deux actionnaires : Riss, directeur de la rédaction, qui détient 67% des parts et Eric Portheault, directeur général, les 33% restant. Tous deux ont racheté les 40% de capital détenus par Charb, tué dans l'attentat de janvier 2015. Mais les deux responsables sont en désaccord sur la répartition des profits réalisés. L'essentiel - 15 millions sur les 16,9 millions de profits nets - a été versé à une "réserve statutaire obligatoire consacrée au maintien ou au développement de l'entreprise". Cette réserve, à hauteur de 20% minimum du dernier exercice, est prévue par le statut d'entreprise solidaire de presse d'information, que "Charlie Hebdo" a adopté en 2015. Un statut qui prévoit aussi la possibilité de reverser des dividendes ; une solution qui n'a pas été retenue. Riss a voté en faveur de cette répartition des profits, tandis qu'Eric Portheault s'y est opposé. L'actionnaire minoritaire a donc dû s'incliner.