Après l'attaque terroriste qui a décimé une grande partie de sa rédaction, "Charlie Hebdo" a reçu un immense soutien citoyen, qui a largement dépassé les frontières de l'Hexagone. Le mercredi suivant l'attentat, après la grande marche républicaine du 11 janvier, le numéro des survivants, tiré à plus de 7 millions d'exemplaires, s'est arraché dans les kiosques. Cet automne, l'hebdomadaire satirique était en grande difficulté financière et avait appelé ses lecteurs à l'aide. Paradoxalement, quatre semaines après le drame, le titre n'a désormais plus à s'inquiéter de ses finances...
En cumulant ventes, abonnements, dons et aides publiques, le journal, qui reviendra dans les kiosques le 25 février prochain, pourrait recueillir jusqu'à 30 millions d'euros. Les ventes du numéro des survivants devraient rapporter à elles seules plus de 10 millions d'euros. Mais la plus forte part de cette cagnotte provient des abonnements. "Charlie" compterait désormais plus de 200.000 abonnés, contre 10.000 avant l'attentat, a expliqué Eric Portheault, l'actionnaire de l'hebdomadaire, à l'AFP. Ces nouveaux abonnés rapporteraient environ 14 millions d'euros.
En plus des aides de l'Etat, du fonds Google ou du "Guardian", le journal a également reçu 2,37 millions d'euros de dons de 30.000 anonymes. Ces fonds seront "intégralement reversés aux ayants droit des victimes", a promis la direction du titre. Cette cagnotte servira à pérenniser le journal. "Il n'y aura pas de dividendes pour les actionnaires", a assuré Eric Portheault, qui envisage de créer une fondation pour le dessin de presse et les dessinateurs de presse.