
"Ai-je bien claqué la porte derrière moi ce matin ?", "Pourquoi Nadine faisait-elle la gueule ce midi à la cantine ?", "Ai-je, au fond, réussi ma vie ?" : voilà le genre de questions qui vous passeraient par la tête si d’aventure vous vous infligiez une séance de Low Cost. En tentant de réaliser un hommage au génial Y a-t-il un pilote dans l'avion ?, l’ex-Robin des Bois Maurice Barthélémy perd malheureusement le contrôle de son "film".
Le mot sketch n’a jamais aussi bien porté son nom. Car il signifie ébauche en anglais. Le mot juste, donc, pour cet embryon de long métrage qui fait plus penser à un interminable épisode de Scènes de ménages sur M6. Car son salmigondis n’arrive pas à la cheville du monument grotesque des années 80. On cherche, en vain, des répliques aussi cultes que "Et tu as déjà vu un monsieur tout nu ?", "Joey, tu aimes les films sur les gladiateurs ?" ou encore "Joey, est-ce que tu as déjà vu une prison turque ?". A mille lieux des délires du Commandant Oveur, interprété par Peter Graves, Maurice Barthélémy ne nous offre qu’une overdose de pseudo gags aussi indigestes qu’un repas pris dans l’avion.
Imaginez des passagers survoltés bloqués dans un avion qui a 8 heures de retard. Quelle histoire ! Malheureusement, dans le cas de Low Cost, c’est plutôt : "quelle histoire ?". 1h29 de vide sidéral pour les spectateurs, pris en otage. Lorsqu’un des personnages se plaint "Qu’est ce qu’il fait chaud ici !" un autre lui rétorque : "C’est normal, c’est à cause de la chaleur…". Un ange passe… Et un spectateur quitte la salle. Une comédie où on ne rit jamais, en voilà un drôle de concept ! On esquisserait presque un sourire lorsque Nuance, l’hôtesse de l’air jouée par Judith Godrèche, cite du Lacan mais la sauce ne prend pas. Pire, elle tourne car les plaisanteries sont rances. Un beau gâchis lorsqu’on se souvient de sa prestation très inspirée dans l’excellent Potiche.
Gérard Darmon, en pilote à la retraite, est ridicule et irritant, lui qui était si bon acteur dans La Cité de la Peur. Et que dire de Jean-Paul Rouve ? Son rôle de névrosé au dernier degré est navrant. Il nous avait pourtant fait vibrer dans le brillant et ténébreux Poupoupidou. On imagine bien qu’il n’a pas pu dire non à son grand ami Maurice Barthélémy mais il aurait dû méditer ses mots du présocratique Chilon de Sparte : "Agis avec ton ami comme s’il devait devenir ton ennemi". Low Cost fait le même effet à ses acteurs que la kryptonite à Superman. Tous les interprètes valent beaucoup mieux que ce très Beauvais film. Oui, même Lord Kossity.