
Comment Léa Salamé a-t-elle réussi à s'imposer dans "la case mythique" du samedi soir de France 2 ? La journaliste et animatrice était, ce lundi 10 février 2025, l'une des invitées de "Télévisionnaire", un événement organisé par france.tv publicité auquel Puremédias a assisté au pavillon Gabriel à Paris. Au cours d'une table ronde sur le thème de la "complicité" animée par Mélanie Taravant, elle a raconté comment avec son producteur, Régis Lamanna-Rodat, elle a préparé sa succession à Thierry Ardisson et Laurent Ruquier et construit "Quelle époque !" chaque semaine. "J'étais une fille qui allait prendre la place de ces types charismatiques, de ces hommes puissants", se remémore Léa Salamé. "Comment allions-nous nous faire adopter par le public ? Comment allait-il ne pas être perdu ?", se rappelle-t-elle.
C'est à ce moment-là qu'intervient "l'idée de faire appel à Christophe Dechavanne". "Dans un premier temps, nous nous sommes dit qu'il fallait autour de la table des gens qui rassurent le public, une figure très populaire, masculine, plutôt âgée", assume Léa Salamé, déclenchant les rires de l'assistance. Deuxième ingrédient, "les humoristes sont capitaux dans les talk shows pour mettre du liant. Philippe Caverivière est l'un des meilleurs sur le marché", estime l'animatrice, qui peut également compter sur les interventions de Paul de Saint Sernin pour donner du rythme à l'émission.
À LIRE AUSSI : Audiences : La saison 2 de "Quelle époque !" avec Léa Salamé sur France 2 a-t-elle été meilleure que la saison 1 ?
"Il est le sniper de 'Quelle époque !'. Il intervient un peu à la manière de Laurent Baffie dans 'Tout le monde en parle'", compare-t-elle. "Paul est très présent et puissant sur les réseaux sociaux. Il a toute une série de jeunes qui le suivent. Il m'est arrivé de croiser des jeunes de 22 ans qui me disent : 'Ah, je te vois dans l'émission de Paul de Saint Sernin'. Pour eux, je suis sa chroniqueuse. Mais cela me va très bien parce qu'il nous offre un nouveau public, le sien", sourit Léa Salamé, à la tête d'une équipe renforcée depuis l'arrivée de la comédienne et autrice Charlotte Dhenaux en début de saison.

"C'est une mayonnaise et c'est la même chose pour les invités : il faut du politique, un intello, un humoriste, un artiste, il faut des moments d'émotion, de tension, des enjeux. Et tout ça, c'est toutes les semaines. On essaie de faire notre mayonnaise, parfois on réussit, parfois on se plante", en convient celle qui a opéré une "mue" de son image ces dernières années.
"Ma plus grande fierté, ce ne sont pas les audiences, c'est de pouvoir exprimer ma subjectivité. Lorsque je reçois un écrivain, dont j'ai adoré le livre, je dis aux gens, achetez-le ou je vous rembourse. Ils le font, ils ont confiance dans mon propos. Ils se disent que je ne le fais pas pour n'importe quel livre ou n'importe quel film", confie-t-elle. "Ce parler vrai est contradictoire avec le job de journaliste. Quand j'ai débuté en tant que journaliste politique, j'avais ce sentiment que plus mon ton était pugnace, agressif, dur, hautain, sachant, plus j'étais bonne. Il m'a fallu du temps pour comprendre que je n'obtenais pas forcément quelque chose lorsque j'étais trop dans le frontal. Chez moi, cela a été progressif".
"J'ai moi aussi une formation de journaliste où l'on nous fait croire que l'objectivité existe. Aujourd'hui, c'est subjectif ce que fait Léa. On est très attentifs à son regard", acquiesce Frédéric Lopez, animateur du magazine "Un dimanche à la campagne", également présent autour de la table. "Mon bonheur, c'est de ne pas mentir", reprend Léa Salamé. "Quand on fait de l'antenne et que l'on a sa gueule à l'écran, on a tendance parfois à en faire trop. On a tendance à surjouer. Le meilleur conseil que j'ai reçu, c'était à l'âge de 30 ans. J'étais à France 24, je commençais à faire des journaux à la télé, je me cherchais, je tâtonnais. Un rédacteur en chef m'a dit 'Léa, tu n'as pas besoin de surjouer, tu n'as pas besoin de minauder'. Nous, les gonzesses, parfois on minaude, peut-être parce que l'on n'a pas confiance en nous physiquement. J'ai cherché à gommer ce défaut".
Un récit qui a fait tilt auprès d'Agathe Lecaron, invitée elle aussi de l'événement : "Quand on démarre en télé, il faut quand même avoir une sacrée confiance en soi pour se présenter au monde telle que l'on est vraiment", juge l'animatrice des magazines "La maison des maternelles" et "Bel et bien" sur France 2. "On a le réflexe de trouver des béquilles, des petites coquetteries. Je sentais bien que je n'arrivais pas à tisser de complicité avec le public. Je m'en prenais plein la tronche sur les forums, les réseaux sociaux n'existaient pas encore. Le jour où j'ai compris qu'il fallait arriver avec ce que l'on est soi qu'il n'y a plus de tricherie, j'ai senti les regards qui ont changé dans la rue. Mais c'est un apprentissage."