Grave erreur imputable au "20 Heures" de France 2. Anne-Sophie Lapix a présenté, ce mardi 4 juillet 2023, ses "excuses" au nom de la rédaction de la chaîne du service public après avoir diffusé une interprétation erronée de l'analyse audio de l'échange, qui a précédé la mort de Nahel le mardi 27 juin à Nanterre, dans les Hauts-de-Seine.
"Hier, nous évoquions l'enquête sur la mort de Nahel. Nous avons pour cela utilisé le travail de l'ONG indépendante Index, qui a tenté de rendre le son de la vidéo plus audible mais sans parvenir à une conclusion. Les sous-titres que nous avons utilisés donnaient, eux, une version de l'IGPN (Inspection générale de la police nationale, ndlr). Nous nous excusons pour cette erreur auprès de l'ONG et de tous nos téléspectateurs", a-t-elle solennellement déclaré aux alentours de 20h10.
Ces "excuses" sont intervenues au lendemain de la diffusion dans "Le 20 Heures" d'un sujet consacré à l'enquête relative à la mort du jeune homme, tué par un policier après ce qui s'apparente – les circonstances restent à éclaircir – à un refus d'obtempérer. Anne-Sophie Lapix a rapporté la version du passager du véhicule que conduisait Nahel. "Il avait fui au moment du drame. Il affirme aujourd'hui que le conducteur a démarré sans le vouloir après avoir reçu des coups de crosse", a-t-elle relaté avant de lancer un sujet censé mettre en lumière l'analyse audio de l'échange entre Nahel et les deux policiers, cédée à France 2 par l'ONG indépendante Index.
Problème : lorsque le document de l'ONG apparaît à l'écran, la voix du journaliste, chargé du commentaire, met en exergue "une autre interprétation des policiers". Celle-ci émanerait de l'Inspection générale de la police nationale (IGPN). "'Coupe ! Coupe !'", auraient répété les policiers. "Sous-entendu 'coupe le moteur'", précise la voix-off, qui poursuit : "Nahel lui aurait répondu ('Pousse-toi !') puis les agents auraient fait une sommation", commente le journaliste.
Après la diffusion de l'extrait, altérant le sens de l'interprétation de l'ONG, Index s'est indignée sur Twitter le 3 juillet : "On peine à croire ce qu'on vient de voir au JT de '20 Heures' de France 2. Vous diffusez notre analyse audio des instants qui précèdent la mort de Nahel, et vous la sous-titrez avec la retranscription qu'en propose(rait) l'IGPN ??!". "Vous lui faites dire l'opposé de notre analyse", ajoute en prime l'ONG, qui a posté dans la foulée la retranscription issue de son analyse audio (réalisée en partenariat avec Earshot) de la vidéo du drame.
"L'optimisation audio permet de rendre plus distincts les mots prononcés par les policiers avant le tir. Certains des éléments qui ressortent de cette analyse pourraient indiquer une possible intention de tuer", assurait, au contraire, l'ONG dans un article publié le 3 juillet.
"En acceptant votre requête, nous pensions pouvoir faire confiance à France 2 et France Télévisions (et obtenir) un traitement correct de notre analyse dans le JT national. Nous avons l'impression d'avoir été dupés et souhaitons obtenir des explications", a exigé ensuite l'ONG en interpellant la chaîne. "Nous vous présentons nos excuses pour cette utilisation inappropriée de votre analyse audio. Nous rectifierons dans nos éditions du jour", a répondu France 2 le lendemain matin.
À l'antenne, la rédaction de France 2 a d'abord simplement reconnu une erreur factuelle dans le "13 Heures" de ce mardi 4 juillet. "Un petit mot également pour vous dire qu'hier soir, dans le '20 Heures', nous avons diffusé l'analyse audio réalisée par l'ONG indépendante Index de la vidéo où on voit le policier tirer sur le jeune Nahel. Les sous-titres présentaient la version défendue par les policiers et non celle de l'ONG. C'est important évidemment de le préciser", a ainsi déclaré Julian Bugier.
Avant donc de présenter ses "excuses" par la voix d'Anne-Sophie Lapix. Le replay du JT du 3 juillet a été supprimé.