Habitué à piéger ses invités avec des questions politiquement concrètes, Jean-Jacques Bourdin a réussi son coup en novembre dernier. Le journaliste recevait dans son interview quotidienne Myriam El Khomri, nouvelle ministre du Travail. Au cours de l'entretien, il l'a interrogée sur le contrat à durée déterminée, lui demandant précisément combien de fois il pouvait être renouvelé. Gêne de la part de la ministre. "Trois fois jusqu'à trois ans...", a-t-elle d'abord répondu. "Combien ? Trois fois ? Vous êtes certaine de ça ?" a questionné le journaliste. Déstabilisée, la ministre du Travail s'est lancée dans une explication peu convaincante, avant que Jean-Jacques Bourdin ne lui annonce que depuis le mois d'août 2015, un CDD ne peut être renouvelé que deux fois.
"Jean-Jacques Bourdin avait préparé son coup, il voulait son buzz, il a eu son buzz. Je ne suis pas la première, je ne serai pas la dernière. Si vous voulez ne retenir que ça de mon passage chez Jean-Jacques Bourdin alors que je porte une réforme du droit du Travail (...) C'est le buzz, c'est le temps médiatique. Moi sincèrement, je suis particulièrement sereine", avait répondu la ministre un peu plus tard dans la journée.
Mais cette semaine, le discours a changé. Interrogée par "Le Figaro", qui lui consacre un portrait alors qu'elle s'apprête à défendre sa loi à l'Assemblée, Myriam El Khomri revient en effet sur cet incident et avoue qu'il lui a finalement été bénéfique. "Les derniers mois m'ont endurcie : Bourdin m'a fait du bien, j'ai pris beaucoup de distance", assure-t-elle ainsi, expliquant qu'elle ne consulte plus les réseaux sociaux et qu'elle se moque désormais de ce qu'on peut dire d'elle - sauf quand on la considère comme "fragile" ou comme "une marionnette" du président ou du Premier ministre.