Ce soir, TF1 propose la première diffusion en clair d'"Intouchables", la comédie d'Eric Toledano et Olivier Nakache, avec Omar Sy et François Cluzet. La Une attend beaucoup de ce film aux 19,5 millions d'entrées en France pour lequel elle a fixé des tarifs publicitaires élevés. Et pour cause, lors du montage financier du film, la chaîne a pré-acheté la première diffusion du film pour 1,9 million d'euros. A l'occasion de cette diffusion, puremedias.com fait le point avec Nathalie Toulza-Madar, la directrice générale de TF1 Films Production, la filiale de coproduction cinéma de la chaîne.
Propos recueillis par Benoît Daragon.
puremedias.com : Vous diffusez "Intouchables" ce soir. Lors du montage financier du film, TF1 a apporté presque un quart du budget. Vous aviez senti que ce film allait devenir un succès phénoménal ?
Nathalie Toulza-Madar : On venait de faire "Tellement proches" avec Eric Toledano et Olivier Nakache. Du coup, ils m'ont envoyé le scénario de leur film suivant. J'ai eu imméditament un gros coup de coeur sur le script ! Sur le papier, c'était déjà drôle, percutant et émouvant ! Avec mon équipe, on était tous enthousiasmés. Donc on a suivi les producteurs et les réalisateurs. On leur a fait confiance.
Et vous avez accepté que la vedette du film soit Omar Sy, un acteur qui à l'époque était surtout cantonné aux seconds rôles?
Oui ! Même si lui aussi était déjà dans "Tellement proches", ce n'était pas le Omar Sy d'aujourd'hui ! Mais là encore, on a fait confiance aux réalisateurs et aux producteurs qui trouvaient que le rôle était fait pour lui. Le choix de François Cluzet s'est fait un peu plus tard, et il a été extraordinaire dans le rôle.
Vous avez pris un risque ?
Vous avez l'air surpris ! (rires) Oui, il y a quatre ans, on a pris un risque. Et la suite a montré qu'on a bien fait ! Quand j'ai vu le film pour la première fois, j'ai eu le sentiment, comme cela n'arrive que très rarement dans sa carrière, de voir un grand film. Quelques mois plus tard, il a fait presque 20 millions d'entrées. Ce film, c'est une très belle histoire pour les réalisateurs, pour Omar, pour les producteurs, pour Gaumont qui a parfaitement sorti le film. Et pour nous, ce soir, la diffusion du film est un grand moment ! On attend ça avec impatience.
Vous avez mis en place des tarifs publicitaires très élevés. Vous pensez dépasser les 12 millions de téléspectateurs ?
J'étais sûre que vous me demanderiez un pronostic ! (rires) J'ai bien évidemment un chiffre en tête mais je ne vous le donnerai pas par superstition. Je pense que ce film va toucher un grand nombre de personnes pour son premier passage à la télévision. "Bienvenue chez les Ch'tis", qui avait connu un succès comparable au cinéma et en DVD, rassemble énormément de gens lors de ses diffusions à la télévision. Le public a encore l'envie de le regarder quand il passe à la télévision. C'est la chance des grands films populaires.
Un gros succès en salles, c'est toujours l'assurance d'une grosse audience à la télévision ?
J'espère ! (rires) Mais il n'y a pas forcement de corrélation entre audience à la télévision et le box-office. Mais c'est toujours un bon signe quand un film marche en salles. La semaine dernière, "Le Prénom" a fait 7,7 millions de téléspectateurs en première diffusion. Un très bon score puisque c'est la plus grosse audience pour un film sur TF1 depuis la rentrée !
Vous aviez investi 2,4 millions d'euros dans "Intouchables". C'est une somme habituelle pour vous ou vous aviez investi plus que d'habitude ?
Je n'ai pas la moyenne exacte de nos investissements par film cette année-là. C'est un montant conséquent mais je n'ai pas le sentiment que ce soit extraordinaire. Mais on avait envie de faire ce film et on voulait vraiment qu'il soit chez nous.
Tous les ans, TF1 investit environ 40 millions d'euros dans le cinéma. Comment choisissez-vous vos films ?
La réglementation nous demande d'investir 3,2% de notre chiffre d'affaires publicitaire dans le cinéma français. Notre job, c'est de trouver les meilleurs films pour notre case cinéma du dimanche soir. Conformément à la ligne éditoriale du Ciné dimanche, on cherche des films de divertissement populaire et familial. En premier lieu, des comédies au sens large, avec des comédies pures comme "Supercondriaque" ou "Qu'est-ce qu'on a fait au Bon Dieu ?" mais aussi des comédies romantiques ou des comédies d'aventures. Ce sont des films évènementiels comme l'ont été "Samba" ou "La Belle et la bête" en début d'année. Et enfin des films d'action comme "Non-Stop" ou "Lucy" de Luc Besson et des thrillers.
Ce sont essentiellement des grosses productions... Vous ne faites pas de films plus modestes ?
Si, quand on a fait "La Cage dorée" l'année dernière qui a finalement fait un million d'entrées ou "20 ans d'écart" avec Virginie Efira et Pierre Niney... Ce sont des réalisateurs nouveaux et de jeunes acteurs. Au premier semestre 2015, on va sortir "Un homme idéal" d'un jeune réalisateur, Yann Gozlan, avec Pierre Niney, Ana Girardot et j'adore ce film. On prend souvent des risques et on traite des registres de cinéma très variés. On a toujours la place pour des sujets différents et des castings nouveaux.
Quels seront vos prochaines coproductions ?
Nous venons de signer "Les Visiteurs 3" qui marquera le retour du trio Clavier/Reno/Poiré dans la suite des "Visiteurs" 1 et 2. Cette semaine, nous avons sorti "Paddington", un film familial que j'aime beaucoup ! Le 31 décembre, on sort "Une heure de tranquillité", le nouveau Patrice Leconte avec Christian Clavier et Carole Bouquet. En début d'année, on aura "Bis" de Dominique Farrugia, qui sera projeté à l'Alpe d'Huez. On aura aussi le film de clôture du même festival : "Les Gorilles" de Tristan Aurouet avec JoeyStarr et Manu Payet.
Les sommes que vous investissez dans les films ont tendance à augmenter ou à baisser ?
On va attendre la fin de l'année pour faire le bilan mais, cette année, j'ai le sentiment que ça s'est calmé... Nous, on évite la surenchère de prix. Mais attendons de faire un bilan précis.
Le coup de gueule de Vincent Maraval a eu du bon ?
La polémique est partie d'un film sur lequel TF1 n'était pas. Donc je ne me suis pas vraiment sentie touchée !