Et à la fin, c'est Netflix qui gagne. Réuni mardi soir, le conseil d'administration de l'Académie des Oscars a tranché : Netflix et les autres plateformes de streaming pourront continuer de concourir avec leurs films en compétition officielle sans que leurs obligations ne soient modifiées, comme le rapporte "Variety". Dernièrement, le réalisateur Steven Spielberg avait fait une sortie remarquée sur le sujet, par l'intermédiaire d'un porte-parole de sa société Amblin Entertainement, qui avait souligné que "Steven croit vraiment en la différence entre le streaming et le cinéma. Il sera heureux si d'autres le rejoignent dans (sa campagne) lorsque le sujet sera abordé (au comité de direction des Oscars). Nous verrons ce qui en ressort". Un appel clair visant à évincer Netflix de la compétition.
C'est le triomphe de "Roma", film Netflix signé Alfonso Cuaron, qui est reparti des Oscars cette année avec trois statuettes, qui avait remis ce sujet sensible du mode de diffusion des films sur la table, malgré la visibilité du long-métrage dans les salles obscures américaines trois semaines durant. Une première pour le géant de Los Gatos. Steven Spielberg, membre du conseil de l'Académie des Oscars, n'a donc pas été suivi par ses collègues sur le sujet. En France, les plateformes sont toujours persona non grata du festival de Cannes, en raison de la fameuse chronologie des médias, qui exige un intervalle de 36 mois entre la sortie d'un film au cinéma et sa mise à disposition en ligne.
Pour que les films de Netflix et des autres services en ligne continuent d'être éligibles, ils devront donc être projetés au cinéma, pendant sept jours minimum, avec trois projections quotidiennes dans le comté de Los Angeles. Ces longs-métrages pourront être disponibles le même jour ou dès le lendemain sur les plateformes de streaming. Les professionnels de l'industrie exigent toujours de leur côté une exploitation exclusive en salles de 90 jours. En janvier dernier, le géant du streaming avait franchi un palier en devenant officiellement membre de l'Association des studios américains (MPAA).
Le département de la justice américain avait alerté les membres de l'Académie sur les problèmes d'atteinte à la libre concurrence que pouvait poser un éventuel bannissement des plateformes. Le président de l'Académie des Oscars, John Bailey, a assumé ce délicat équilibre dans un communiqué, rappelant son soutien pour la sortie des films en salles, tout comme le fait qu'un large choix de films puisse être éligible aux Oscars. "Nous comptons étudier plus avant les profonds changements à l'oeuvre dans notre industrie et poursuivre les échanges avec nos membres sur ce sujet", a précisé le responsable.
Seul changement symbolique voté pour l'heure par le conseil d'administration mardi soir : la catégorie du "meilleur film étranger" a été renommée pour devenir "meilleur film international". Une catégorie qui avait vu la victoire de "Roma" d'Alfonso Cuaron cette année...