Il veut changer les règles et rapidement. Ce jeudi, dans les colonnes du "Figaro", Nicolas de Tavernost, le président du directoire du groupe M6 tire la sonnette d'alarme face à la montée des médias étrangers dans le paysage audiovisuel français. Le dirigeant glisse opportunément ses priorités conditionnant la modernisation du secteur, alors que la réforme de l'audiovisuel du gouvernement est toujours en cours d'élaboration.
"Notre système est à bout de souffle, nous sommes en train de nous faire cannibaliser par des acteurs internationaux. Des mesures doivent être prises rapidement, sans quoi les groupes audiovisuels français sont voués à disparaître", débute le patron de la Six, alertant du "risque mortifère" dû à la "mondialisation de l'audiovisuel", "si cette nouvelle concurrence aux poches évidemment profondes", "bénéficiait d'avantages objectifs considérables, liés à la totale inadaptation de règles audiovisuelles datant de 30 ans".
Le président du directoire du groupe M6 souhaite un cadre réglementaire du secteur de l'audiovisuel français plus équitable, insistant sur quatre priorités pour moderniser le PAF. "Notre réglementation est vieille de 28 ans. Si elle n'est pas abrogée, plusieurs fleurons de la production audiovisuelle française pourraient passer prochainement sous pavillon étranger", lance Nicolas de Tavernost, prônant une meilleure maîtrise des programmes qu'il finance. Par ailleurs, il veut amender les "règles absurdes" de la réglementation de l'audiovisuel, citant, par exemple, l'impossibilité "de mettre du cinéma la moitié des soirs de la semaine", "à l'heure de Netflix et du piratage".
Autre priorité du patron de M6, l'élargissement des ressources des groupes audiovisuels français, avec notamment l'évolution de la réglementation sur la publicité. "On nous interdit de faire de la publicité à la télévision pour les promotions chez Carrefour, alors que Carrefour conclut des accords avec Google pour sa distribution et ses référencements publicitaires", s'agace Nicolas de Tavernost, ajoutant : "De la même manière, pourquoi interdire aux chaînes de télévision nationales de faire de la publicité ciblée quand c'est précisément le moteur des Gafa ?"
"Il est nécessaire de mieux répartir les efforts et les taxes. L'addition des taxes normatives et des taxes spécifiques au secteur télévisuel revient pour nous à payer un impôt sur les sociétés supérieur à 50%, alors que nos compétiteurs internationaux n'en paient quasiment pas", poursuit le patron de chaînes, considérant que les taxes Netflix et YouTube ne "permettront pas de rétablir l'équilibre". Pour Nicolas de Tavernost, "un certain nombre de mesures peuvent être réglées par décret, donc sans attendre". "Si les groupes audiovisuels que nous représentons disparaissent demain, la production hexagonale coulera avec la télévision", assure le dirigeant, avant de conclure dramatiquement : "C'est tout le PAF qui est en danger".