Il n'y aura pas de procès. L'AFP a appris auprès de l'avocat de Nicolas Hulot que l'ancien ministre de la transition écologique et solidaire a décidé de retirer sa plainte en diffamation contre l'hebdomadaire "Ebdo", déposée en mars dernier, un mois après la parution d'un article controversé le concernant. Depuis, le magazine créé par les équipes de "XXI" et de "6 mois" a cessé sa parution, deux mois seulement après son lancement. Le 9 février dernier, dans son 5e numéro, l'hebdomadaire titrait en Une "L'affaire Nicolas Hulot" révélant deux affaires distinctes et datant de plusieurs années en arrière. L'écologiste était accusé de harcèlement sexuel à l'encontre d'une ancienne collaboratrice de sa fondation et de viol sur une autre femme, par ailleurs petite-fille d'un célèbre homme politique dont le nom n'avait pas tardé à être révélé sur la place publique.
Ces derniers faits remonteraient à 1997, mais une plainte avait été déposée en 2008 par l'intéressée avant d'être classée sans suite, les faits étant prescrits. "Une plainte elle aussi d'un genre nouveau, classée sans suite, dont on ne connaît pas le contenu, dont on ne sait rien hormis la date et que l'hebdomadaire a reconnu, après coup, n'avoir jamais eue en main. Pas de PV, pas de docs. Seulement des témoignages imprécis et qui exigent de rester anonymes", s'était moqué "Le Canard Enchaîné" quelques jours après la parution du fameux article.
La veille de la parution de cette enquête de huit pages dans "Ebdo", signée des journalistes Anne Jouan et Laurent Valdiguié, Nicolas Hulot avait pris les devants en venant sur le plateau de la matinale de Jean-Jacques Bourdin. "J'ai peur de la rumeur mais pas de la vérité", avait-il notamment déclaré, confiant être dans "une rage folle". "Les deux affaires que va évoquer le journal demain n'en sont pas et n'ont aucun contenu", avait-il ajouté.
Un bras de fer médiatique s'était dès lors engagé puisque l'équipe de "L'Ebdo" avait à son tour défendu son enquête dans les médias, même si une partie de la rédaction était divisée sur le bien-fondé de cet article. "Nous avons une source directe avec confirmation et recoupements. Nous avançons un témoignage avéré, solide", avait estimé le directeur de la rédaction, Patrick de Saint-Exupéry.
Par l'intermédiaire de son avocat, l'ancien directeur de la publication d'"Ebdo", Thierry Mandon, estime désormais que "Nicolas Hulot se désiste opportunément (...) d'une action en diffamation sur laquelle il a abondamment communiqué mais qui promettait de tourner à son désavantage". Même son de cloche du côté de la journaliste Anne Jouan, co-auteure de l'enquête, qui a tweeté hier soir : "Alors que notre offre de preuve était bouclée, nos témoins prêts à témoigner et que nous nous apprêtions à défendre notre article pour prouver l'exactitude de nos informations corroborées par de nouveaux éléments, la plainte de Nicolas Hulot n'était en fait qu'un coup de com' et une instrumentalisation de la justice. L'intéressé a sans doute préféré éviter un débat au fond trop délicat pour lui".