"Je quitte définitivement la vie publique". L'interview de Nicolas Hulot accordée à BFMTV ce matin a fait l'effet d'une bombe dans le monde médiatico-politique. L'animateur star de "Ushuaïa nature" et premier ministre de la Transition écologique et solidaire du gouvernement d'Édouard Philippe a devancé, au micro de Bruce Toussaint, la diffusion par le magazine de France 2, "Envoyé spécial", d'une enquête dans laquelle il est accusé d'agression sexuelle, de tentative d'agression sexuelle et de viol.
Il avait usé de la même stratégie de défense préventive - déjà sur BFMTV mais face à Jean-Jacques Bourdin - en 2018, avant la publication d'une enquête journalistique du magazine "Ebdo". Il occupait alors une fonction gouvernementale.
"Vous avez décidé de prendre la parole car vous êtes sur le point, dîtes-vous, d'être grandement mis en cause à nouveau", a lancé, en introduction, le présentateur du "Live Toussaint" à l'endroit de son invité. "Il y a quelques jours, lui répond Nicolas Hulot, j'ai appris par cette émission d'investigation qu'à l'issue d'une enquête de quatre ans, ils auraient obtenu, je dirai peut-être même arraché, des témoignages qui me mettent gravement en cause. Quand je dis gravement, c'est une sorte de litote".
Quatre à cinq femmes "m'accusent ni plus ni moins d'agression sexuelle et même de viol, la plus grave de ces accusations remonte à 1989". Dans ce cas précis, l'interrompt Bruce Toussaint, il s'agirait "d'une tentative de fellation imposée à une jeune femme après une émission en 1989 dans un parking, alors que vous étiez en train de la raccompagner".
À plusieurs reprises, Nicolas Hulot conteste ces accusations dont il "ignore tout", dit-il. "Je sais qu'à partir de demain, tout va s'enflammer et que le lynchage commencera mais je veux dire que ni de près ni de loin, je n'ai commis ces actes. Ces affirmations sont purement mensongères, je le dis ici une fois pour toute fermement et définitivement. À ce stade, je n'ai que ça à dire".
L'enquête des journalistes du magazine "Envoyé spécial", dont Nicolas Hulot dénonce "les méthodes hors de toute éthique", intervient quasiment quatre ans après la publication d'un article dans le journal aujourd'hui disparu "Ebdo". Ce dernier avait révélé l'existence d'une plainte déposée en 2008 par une jeune femme de 20 ans au moment des faits, en 1997.
"Selon nos informations, recoupées auprès de l'intéressée et de trois membres de sa famille, Nicolas Hulot aurait abusé (d'une jeune femme) durant l'été 1997", pouvait-on lire dans cette enquête du magazine à la vie éphémère. Nicolas Hulot, qui avait déposé plainte en février contre le titre alors dirigé par Patrick de Saint-Exupéry et Constance Poniatowski, l'avait finalement retirée quelques mois plus tard.
"Depuis que cette affaire a été évoquée, je subis, comme d'autres, le poison de la rumeur. L'expérience montre que dans le monde dans lequel on vit aujourd'hui, être innocent ne permet plus de dormir tranquille", poursuit l'ancien animateur, qui s'estime "condamné" à "la mort sociale".
En conséquence, Nicolas Hulot a pris une décision radicale : "Je vais quitter la présidence d'honneur de ma fondation, je quitte définitivement la vie publique parce que simplement, je suis écoeuré, je vais vivre pour ma famille, mes amis, je quitte mon engagement, je ne m'exprimerai plus. Je ne me reconnais plus dans cette société", assure-t-il, répondant par l'affirmative à la question de savoir si cette interview du 24 novembre 2021 serait la dernière.
L'ex-ministre promet qu'il va se battre bien qu'il n'en sache "pas suffisamment pour dire ce que sera notre attitude (la sienne et celle de ses avocats)". "Je le dis à Mme Ernotte (présidente de France Télévisions), conclut-il, je sais que cette émission sera diffusée, mais pesez bien les conséquences irréversibles sur un homme, une famille, une réputation avant même que l'on ait pu établir les faits".
Et Nicolas Hulot de conclure : "Ça va mal se finir, il y a des précédents de fausses accusations où ça c'est mal fini, vous ne jouez pas simplement avec la réputation, vous jouez avec la vie des accusés."