
Des mesures fortes pour éviter "les dérives" qui se sont produites à l'antenne de Franceinfo. Alors que la rédaction de la chaîne d'information en continu devrait se prononcer ce vendredi 14 février sur une motion de défense visant leur directeur Laurent Delpech, ce dernier, jugé responsable de ces incidents, s'est "mis en retrait", ont appris la veille l'AFP et "Le Figaro". Une semaine auparavant, le syndicat des journalistes du groupe audiovisuel public avait fait part de sa stupéfaction et de sa colère à la suite d'un débat mené vingt-quatre heures plus tôt sur le canal 27 de la TNT. Le journaliste Julien Benedetto, entouré de plusieurs experts, avait mené une discussion sur la dernière sortie de Donald Trump : vouloir faire de "Gaza, la Côte d'Azur du Moyen-Orient". Une séquence qui avait pris un tournant inattendu lorsqu'un expert en tourisme était intervenu en direct. Le SNJ a jugé "profondément déplorable" et "totalement inexcusable". Franceinfo s'était excusée auprès de ses téléspectateurs et avait supprimé cette séquence de son site.
Un premier tollé avait eu lieu quelques jours plus tôt, le 25 janvier, lorsqu'était apparu à l'écran le bandeau "200 otages palestiniens retrouvent la liberté". Très vite, la gronde était montée sur les réseaux sociaux au sujet de la terminologie utilisée, et Franceinfo avait dû présenter ses excuses, suspendant le "responsable" de ce "titre inapproprié".
Ces deux dérapages en l'espace de quinze jours ont mené Delphine Ernotte à avoir une discussion avec Alexandre Kara, directeur de l'information de France Télévisions. Ce dernier en a révélé la teneur dans un entretien accordé au "Figaro". "La présidente de France Télévisions a créé Franceinfo et je l’ai dirigée par le passé. Elle a un attachement très fort à cette chaîne et nous a toujours demandé de privilégier la qualité sur l’audience. Les deux polémiques qui viennent de secouer Franceinfo contreviennent à cette feuille de route. Nous devons en tirer les conséquences et redoubler de vigilance", a-t-il confié, annonçant avoir pris deux précautions concrètes.

La première verra la mise en place d’"une double validation sur l’ensemble des bandeaux". La seconde concerne les choix éditoriaux avec une modification de "l'organisation afin de renforcer les échanges autour de la validation des sujets". Quant à une réorganisation des hommes et un changement à la tête du média empêtré dans une zone de turbulence, c'est Laurent Delpech qui se serait lui-même "mis en retrait", selon les informations de nos confrères. "Le sujet n’est pas de trouver des boucs émissaires. Il s’agit de corriger le tir en trouvant des solutions. Et je compte m’impliquer personnellement sur ce dossier, durant les prochaines semaines", avait seulement indiqué le directeur de l’information du groupe, souhaitant "assumer ses responsabilités".
Il en aura l'occasion alors que le 6 juin prochain, Franceinfo changera de numérotation (passant du canal 27 au 16) et gagnera logiquement en visibilité. "Cette visibilité accrue doit être une motivation d’excellence, même si l’exemplarité n’est pas liée à la numérotation. Je voudrais surtout rappeler que les deux erreurs commises sont des exceptions et ne reflètent pas le travail des équipes de Franceinfo depuis huit ans. Aucun média n’est à l’abri en réalité", assure-t-il.