BFMTV agite à son tour le chiffon rouge de l'emploi. En 2013 et 2014, le groupe TF1 avait menacé publiquement de fermer LCI et de supprimer des dizaines d'emplois s'il n'obtenait pas le passage sur la TNT gratuite de sa chaîne info. Pour désamorcer la menace, BFMTV et iTELE s'étaient alors engagées à embaucher chacune un tiers des journalistes de la potentielle future défunte.
Un an plus tard, le contexte a radicalement changé. Alors que le CSA s'apprête à se prononcer de nouveau dans le dossier LCI, l'inquiétude semble avoir changé de camp et c'est désormais BFM qui menace de supprimer des emplois par la voix de son patron, Alain Weill. Ce dernier a ainsi invité ce midi la presse à déjeuner pour faire passer son message. Après avoir rappelé une nouvelle fois qu'il estimait que le passage de LCI en clair bouleverserait les deux chaînes d'info en continu déjà existantes, le PDG de NextRadioTV a annoncé que l'arrivée d'un nouveau concurrent gratuit pourrait entraîner la suppression de près de 100 emplois à BFMTV. "Chaque dixième de point d'audience que BFMTV perdrait avec l'arrivée de LCI en gratuit représente 4 millions d'euros de recettes publicitaires en moins", a expliqué Alain Weill lors de son intervention. Selon lui, sa chaîne info pourrait ainsi perdre entre 11 et 18 millions d'euros par an.
"S'il y a trois ou quatre chaînes d'information gratuite à la rentrée, il y a un risque pour nous de passer dans le rouge. Notre équilibre budgétaire sera menacé et on devra donc réduire la voilure", a-t-il mis en garde. Et de préciser : "Il faudrait revenir aux alentours de 300 postes", soit grosso modo la masse salariale de la concurrente iTELE. Cette suppression de postes toucherait en priorité les emplois les plus précaires de la chaîne, les pigistes et les intermittents, alors que BFMTV annonce employer environ 400 personnes. Parmi les pistes explorées, la suppression des magazines "Grand angle" et "7 jours BFM" qui, à eux seuls, emploient une vingtaine de personnes.
L'offensive médiatique du propriétaire de BFMTV intervient dans un contexte bien précis. Alors que France Télévisions planche toujours sur son projet de chaîne d'info en continu, le CSA a de son côté publié le 23 novembre sa nouvelle étude d'impact sur un éventuel passage de LCI sur la TNT gratuite. Cette dernière se révèle plus favorable pour la chaîne info du groupe TF1 que la première. Le 26 novembre dernier, TF1 a en outre pris auprès du CSA une série de nouveaux engagements censés pouvoir lever les dernières réserves du gendarme de l'audiovisuel. Ce dernier doit désormais se prononcer définitivement sur la question avant le 31 décembre prochain.