L'activiste russe a pourtant refusé de porter plainte. Selon une information de l'AFP hier, le parquet de Paris a décidé vendredi d'ouvrir une enquête concernant la diffusion de photos de l'interpellation de Piotr Pavlenski dans "Paris Match". Pour rappel, le 20 février dernier, l'hebdomadaire du groupe Lagardère avait affiché en Une les images de l'arrestation de Piotr Pavlenski et de sa compagne Alexandre de Taddeo à Paris. Il était apparu en couverture à terre, sur le ventre, pendant qu'un policier lui passait les menottes.
Ainsi, l'enquête préliminaire a été ouverte le 28 février dernier par le parquet de Paris pour "violation du secret professionnel", "recel de violation du secret professionnel" et "diffusion non autorisée des images d'une personne entravée", a précisé l'AFP. Cette enquête a été confiée à l'IGPN, la police des polices. Toutefois, l'activiste russe, qui est supposément à l'origine de la diffusion de vidéos à caractère sexuelle de Benjamin Griveaux, n'a pas souhaité poursuivre en justice "Paris Match", comme l'a indiqué son avocat à l'Agence France-Presse : "Mon client, par principe, ne porte jamais plainte". Ainsi, le journal ne devrait pas être contraint de rendre des comptes devant la justice, sans une plainte de la victime.
Invité le 20 février dernier dans "C à vous", sur France 5, l'avocat Eric Dupond-Moretti avait été outré par la Une de "Paris Match". "C'est interdit par la loi. Ca me choque. 'Match' s'était illustré dans l'affaire Merah (Abdelkader Merah, ndlr) puisqu'ils avaient pris des photos à l'audience - alors que c'est totalement interdit - de Merah, et accessoirement, de ses avocats", avait-il rappelé. Et de conclure sur le sujet : "On ne répond pas à des violations de l'intimité de la vie privée par d'autres violations de l'intimité de la vie privée. La limite, c'est la loi. On ne peut pas filmer un type (sic) menotté".
L'article 35 ter de la loi du 29 juillet 1881, introduit par la loi Guigou du 15 juin 2000, dispose en effet que la "lorsqu'elle est réalisée sans l'accord de l'intéressé, la diffusion, par quelque moyen que ce soit et quel qu'en soit le support, de l'image d'une personne identifiée ou identifiable mise en cause à l'occasion d'une procédure pénale mais n'ayant pas fait l'objet d'un jugement de condamnation et faisant apparaître, soit que cette personne porte des menottes ou entraves, soit qu'elle est placée en détention provisoire, est punie de 15.000 euros d'amende". Contacté par "CheckNews" le 20 février, Hervé Gattegno, directeur de la rédaction de "Paris Match", avait assumé le choix de sa rédaction : "Si la justice est saisie, on verra bien. Nous, on considère qu'il y a un devoir d'information supérieur à tout cela. Si ce débat doit avoir lieu devant un tribunal, il aura lieu. Mais nous, on assume ce que l'on a fait".