Sale temps pour le patron des rédactions du groupe L'Express-Roularta. Hier, Christophe Barbier a été interpellé par les journalistes de son groupe au travers d'une lettre ouverte. Dans cette missive, les représentants des salariés exigeaient notamment de lui qu'il détaille d'ici jeudi soir "les projets éditoriaux et la nouvelle organisation" du groupe récemment racheté par Patrick Drahi.
L'ambiance est tendue au sein de L'Express-Roularta depuis l'annonce lundi par Altice Média d'un plan social (PSE) prévoyant le départ de 125 salariés et de huit pigistes permanents. Ces départs vont s'ajouter aux 115 départs volontaires déjà prévus dans le cadre d'une clause de cession ouverte cet été. L'Express-Roularta sera ainsi mis au régime sec et verra ses effectifs passer de 700 à 500 salariés, soit une réduction d'environ un tiers des effectifs des rédactions.
Lundi justement, Christophe Barbier avait déjà été pris à partie par plusieurs salariés lui reprochant d'avoir choisi "l'autre camp", autrement dit celui de la direction. Le directeur des rédactions a notamment été interpellé par Jacques Trentesaux, délégué CFDT et rédacteur en chef à "L'Express", comme le montrent des images diffusées dimanche prochain dans "Médias, le mag" (dont puremedias.com est partenaire).
Sur ces dernières, on peut voir le représentant des salariés s'en prendre directement à son patron présent à ses côtés. "Il y a un certain nombre d'entre nous qui sont déçus, qui sont tristes parce qu'ils ont l'impression d'avoir perdu Christophe Barbier. Ils ont l'impression qu'il a choisi l'autre camp. Ils ont l'impression d'avoir un directeur général des rédactions alors qu'ils veulent un capitaine. Un capitaine au milieu de la mêlée qui se batte, qui se batte, qui se batte, pour des moyens", a-t-il lancé à l'homme à l'écharpe rouge sans le regarder.
Le délégué syndical a ensuite posé sa main sur l'épaule de Christophe Barbier et lui a déclaré en le regardant cette fois dans les yeux : "Je vais te le dire solennellement. C'est ta dernière chance de revenir avec nous et de te battre parce qu'on a besoin de toi. Mais on a besoin de toi avec nous et pas avec Drahi". Jacques Trentesaux a alors été acclamé par les salariés présents dans la salle.
"Je ne veux pas que ce groupe passe à une guerre civile avec un camp contre l'autre, a répondu Christophe Barbier. Je suis dans une position schizophrénique que j'assumerai le plus longtemps possible. Je ne veux pas me dresser contre vous en disant que l'actionnaire a toujours raison ni contre l'actionnaire en disant : 'Faut écouter les journalistes d'abord et la vox populi ensuite". puremedias.com vous propose de découvrir en avant-première cette séquence.
"Médias, le mag", dimanche à 12h35. Invitée : Anne Hommel.