Invitée sur les ondes de France Inter ce matin, la journaliste Caroline Sinz s'est de nouveau exprimée sur le viol dont elle a été victime, place Tahrir en Egypte. Jeudi dernier, la grand reporter de France 3 et son cadreur ont en effet été agressés alors qu'ils tournaient un reportage au Caire. Pendant 45 minutes et en plein jour, une foule d'hommes arrache ainsi les vêtements de la journaliste avant de lui faire subir des attouchements sexuels. Face à Pascale Clark, elle explique : "Je veux parler (...) pour raconter ce qu'il s'est passé car beaucoup d'autres femmes égyptiennes vivent la même chose et ne peuvent pas en parler".
Dans un premier temps, elle tient à rester en Egypte, mais rentre finalement en France samedi : "Au départ, je me suis dit qu'il fallait que je continue, que je reste (...) et puis finalement j'avais très peur de ressortir et de me retrouver au contact des gens là-bas, de la foule..." précise-t-elle, encore très émue. Caroline Sinz s'est ensuite exprimée sur RSF, qui avait publiquement demandé que les rédactions n'envoient plus de femmes en Egypte : "Ca m'a beaucoup énervée car RSF devrait marquer sa solidarité. Nous les femmes, on a déjà suffisamment de mal pour aller travailler à l'étranger, on est toujours dans un milieu extrêmement machiste dans la presse - quoi qu'on en dise - et c'est très important pour que les femmes soient là. On peut faire notre travail tout aussi bien qu'un homme, il faut des femmes en Egypte. D'ailleurs, c'est une consoeur qui m'a remplacée".
Par ailleurs, la journaliste ne pense pas que les femmes soient plus en danger : "J'ai couvert l'Irak depuis la guerre et plein de pays compliqués, je ne me sens pas plus exposée qu'un homme. Ce sont les compétences qui comptent" analyse-t-elle. Après son retour à Paris, la grand reporter de France a porté plainte : "J'ai déposé une plainte pour viol en France, contre X (...) comme on a quelques images, ça peut peut-être aboutir et de toute façon c'est très important pour moi, même psychologiquement". Même si elle avoue avoir "failli mourir", elle se montre déterminée à revenir un jour en Egypte : "Bien sûr que je retournerai en Egypte (...) il y a des gens formidables".