A l'instar de TF1 et M6, les recettes publicitaires de France Télévisions sont en chute cette année. Alors que le budget prévisionnel prévoit 425 millions en 2012, le groupe audiovisuel public accuse un sérieux retard sur ses projections, 30 millions d'euros en mai dernier. Aujourd'hui, il est grimpé à 55 millions d'euros, a annoncé mardi le PDG de l'entreprise lors d'un comité d'entreprise extraordinaire. Une situation due à un marché publicitaire difficile mais également à des audiences en baisse. A titre de comparaison, sur les six premiers mois de l'année, les recettes publicitaires des groupes TF1 et M6 étaient en retard, respectivement, de 8 et 10 millions d'euros sur un an.
Outre ces résultats préoccupants, France Télévisions doit faire face à un gel de la dotation budgétaire de l'Etat de 21 millions d'euros cette année. Rappelons que la dotation publique totale devait atteindre 2,55 milliards en 2012 : 2,08 milliards au titre de la redevance audiovisuelle et 472 millions au titre de la compensation de l'arrêt partiel de la publicité (entre 20 et 6 Heures). En 2013, dans un contexte de rigueur budgétaire, l'Etat pourrait mettre au régime sec France Télévisions en réduisant encore sa dotation au groupe audiovisuel, on parle de 100 millions d'euros.
Dans ce contexte, France Télévisions doit engager un plan d'économies. La direction a esquissé quelques pistes de réflexion mardi au cours d'un comité d'entreprise extraordinaire pour parvenir à économiser environ 200 millions d'euros par an. Si la grande réforme de France 3 vers un modèle de syndication ne devrait pas avoir lieu, la direction de FTV ambitionne de rapprocher les rédactions nationales de France 2 et France 3. L'ambition est de créer une news factory d'ici 2015 travaillant pour toutes les antennes du groupe. Un projet à hauts risques.
"En aucun cas nous n'avons parlé de fusion des rédactions. Nos devons unir nos forces techniques et éditoriales pour maintenir l'ensemble de nos éditions, nous a indiqué mardi soir Thierry Thuillier, le patron de l'information de FTV. Nous conserverons l'ensemble de notre offre d'informations, nous l'élargirons même peut-être. Je pense que nous ne pouvons plus travailler avec une organisation verticale et deux rédactions en miroir. Il y aura des équipes propres à chaque édition, comme pour un magazine." Aujourd'hui, la rédaction de France 2 compte 350 cartes de presse pour un budget de 120 millions d'euros annuels, contre 200 journalistes pour France 3 national et un budget de 60 millions.
Alors qu'un plan de réduction des effectifs est en cours actuellement, visant à réduire la masse salariale de 5% d'ici 2015 dans le cadre de la mutation de France Télévisions en entreprise unique, Rémy Pflimlin a évoqué l'hypothèse d'aller plus loin que les 500 départs prévus initialement (départs naturels et réduction des emplois non permanents). Le PDG de France Télévisions a pris le soin de répéter qu'aucun départ ne serait contraint. Rappelons que le groupe audiovisuel compte 10.000 collaborateurs.
Inquiets par l'annonce de ces différentes nouvelles, les syndicats ont décidé d'enclencher une procédure d'alerte interne. "Les élus du CCE de France Télévisions entendent réagir à ces déclarations alarmantes et décident de recourir à la procédure d'alerte interne afin de saisir les organes dirigeants de l'entreprise, son conseil d'administration, l'Etat actionnaire et la représentation nationale", ont indiqué les élus du CEE et les syndicats CGT, CFDT, SNJ, FO et CGC dans une résolution adoptée à l'unanimité.