Face à l'ampleur de la polémique, il s'explique. Le photographe Gaston Bergeret, auteur de la fameuse photo de Coluche utilisée par Les Restos du Coeur, explique à Libération les raisons pour lesquelles il a choisi, vingt cinq ans après, de faire valoir ses droits d'auteur. Comme le révélait Numerama.com dès hier, le photographe avait bien donné son accord, oral, pour utiliser le célèbre cliché sur les affiches destinées aux antennes locales de l'association.
"Cependant, cette autorisation initiale a été très largement outrepassée, puisque ma photographie est totalement défigurée et de la manière la plus hideuse. Je n'ai jamais été consulté sur les modifications (...) Le dernier spectacle des Enfoirés, diffusé sur TF1 le 15 mars 2013, où la photographie que j'ai réalisée est affublée d'une moustache, sans aucun lien avec l'activité des Restos du coeur, mais pour l'intégrer dans une collection de tee-shirts édités par une société commerciale, Eleven Paris, m'a convaincu que je devais agir pour arrêter ces dérives", explique-t-il.
Les Restos du Coeur ont, il est vrai, exploité cette photo sur de nombreux supports (tee-shirts, tickets restaurant, DVD, CD, etc.) pour diversifier ses revenus et aider le plus grand nombre. "Cette exploitation intensive se fait avec l'autorisation expresse des Restos du coeur, qui aurait garanti avoir les droits, assure Gaston Bergeret. J'ai demandé à un tiers de faire une recherche pour connaître les exploitations et exploitants depuis ces dernières années", poursuit-il, dans un soucis d'obtenir réparation.
Le photographe, qui en appelle à la justice, assure avoir dans un premier temps fait les démarches pour un accord "à l'amiable" avec l'association. "Je ne porte pas plainte, mon action n'est pas pénale mais uniquement civile. Elle est aussi dirigée contre les exploitants qui tirent évidemment un large profit du geste désintéressé que j'ai eu il y a vingt-sept ans", conclut-il.
Ces derniers jours, Les Restos ont demandé à leurs antennes locales de supprimer tous les portraits de Coluche dans leurs locaux, la fameuse photo a aussi disparu du site de l'association. La justice, généralement très stricte avec le droit d'auteur, doit désormais trancher. Réponse dans les prochains mois.