7 novembre 1944 / 13 décembre 2011. Les journalistes de France Soir n'auront même pas eu l'occasion de dire au revoir à leurs lecteurs. Le dernier numéro du quotidien, attendu initialement demain en kiosques, ne paraîtra pas. L'aventure du titre repris en 2009 par l'oligarque russe s'achève donc officiellement, dans la torpeur.
"Nous avons décidé d'interrompre l'édition papier de France-Soir (...) Les locaux et le personnel de France Soir ont été victimes hier d'une action commando violente (...) Dans ce contexte de menaces, les conditions ne sont pas réunies pour réaliser sereinement, aujourd'hui, une édition papier de qualité, dans les conditions éditoriales requises" explique un communiqué en guise d'avis de décès. Ce mercredi déjà, le journal n'avait pas été imprimé suite au droit de retrait d'une partie des salariés après l'occupation des locaux par des militants de la CGT. L'édition du mardi 13 décembre était donc la dernière.
Créé en novembre 1944 par Pierre Lazareff, France Soir était en proie à des difficultés financières et à une baisse de sa diffusion depuis plusieurs années malgré les nombreux plans de reprises et les multiples nouvelles formules. Le quotidien, qui a tiré en 1950 jusqu'à 1,5 million d'exemplaires, avait été placé sous protection de la justice jusqu'à la fin de l'année.
Face à ces difficultés, le très contesté propriétaire du titre, l'homme d'affaires russe Alexandre Pougachev, avait annoncé l'arrêt de l'édition papier du journal pour le transformer en édition internet. Avec des dizaines de licenciements à la clé : 89 sur 127. Les salariés ont tenté ces derniers jours des opération coup de poing pour sensibiliser l'opinion à la fin d'un titre de presse. En vain. C'est la fin d'une histoire, la mort d'un quotidien généraliste première victime de l'explosion du numérique.