CNews, un mauvais élève ? Non, selon Roch-Olivier Maistre, le président de l'Arcom, l'autorité de régulation qui surveille les médias audiovisuels. Celui qui s'est présenté ce jeudi 23 février devant les étudiants de l'École de journalisme de Sciences Po s'est livré à une séance de questions-réponses. Il a notamment souligné les débats qui peuvent entourer la régulation de chaînes, comme CNews.
Après avoir rappelé le cadre existant qui impose aux chaînes une pluralité d'opinions, il s'est penché sur le canal n°16. "Nous avons le débat (de régulation) sur une chaîne comme CNews qui est devenu dans notre paysage médiatique un événement un peu nouveau, qui se rapproche d'une chaîne d'opinion comme on le connaît dans d'autres pays. C'est notamment le cas des USA, on parle souvent de la Fox News française. C'est un cas intéressant", débute-t-il. "La chaîne respecte strictement le pluralisme politique, ils communiquent tous les mois les temps de parole des personnalités politiques, on vérifie à la seconde près et ils sont parfaitement dans les clous des équilibres des forces politiques en France".
Comme il l'a noté, les questions se posent plutôt aujourd'hui sur le travail des éditorialistes, mais "heureusement", la loi ne leur donne pas le pouvoir de contrôler cette catégorie de journalistes. Il n'a pas manqué de préciser que cette pratique était plutôt l'apanage des régimes totalitaires. CNews agit donc au titre de sa "liberté éditoriale".
Plus tôt, le président de l'Arcom insistait sur le fait que la régulation des divers acteurs "demande beaucoup de doigté et de subtilité dans la mise en oeuvre". Il estime que la polarisation du débat public, notamment sous la pression des réseaux sociaux, a fait naître "une forme d'esprit de censure". "Si on suivait l'ensemble des alertes qui nous sont envoyées quotidiennement, il n'y aurait plus de radios ni de TV". Il cite l'exemple d'un humoriste de France Inter ou, d'un "éditorialiste qui exprime des idées qui ne sont pas les vôtres". En clair, le signalement est peut-être aujourd'hui trop rapide ou infondé. "Il faut être toujours très vigilant, on ne protège jamais assez la liberté d'expression", a-t-il martelé. Pour lui, la liberté d'expression c'est aussi "ce qui choque", comme les caricatures de "Charlie Hebdo".
L'une des étudiantes l'a questionné sur le cas précis de Vincent Bolloré, ce à quoi le régulateur a tenu à préciser que "les médias doivent être indépendants de leur actionnaire (...) une rédaction ne doit pas être le vecteur des intérêts de son actionnaire".
Les étudiants sont restés au plus près de l'actualité et ont questionné Roch-Oliver Maistre sur la possibilité de "retirer une fréquence" à une chaîne. Une question qui fait écho au récent débat provoqué par une interview de la ministre de la Culture Rima Abdul Malak sur France Inter . Après avoir rappelé les devoirs des chaînes, ne pas inciter à la haine, à la violence ou injurier, il a insisté sur le besoin d'utiliser une réponse graduée face aux manquements. Si le retrait d'une fréquence est une possibilité, il doit être utilisé de manière "très parcimonieuse". C'est la première fois que le régulateur sort du bois depuis la polémique.