Les plateformes vont devoir passer à la caisse. C'est en substance l'annonce faite par Roselyne Bachelot ce matin sur France Inter. Invitée de la matinale de Nicolas Demorand etLéa Salamé, la ministre de la Culture a longuement évoqué le prolongement de la fermeture des institutions culturelles en raison de la crise sanitaire, alors que la grogne s'intensifie chez les professionnels du secteur.
Mais la locataire de la rue de Valois a également été interrogée sur la future mise à contribution des plateformes de streaming pour financer la création en France. Depuis plusieurs années, les acteurs historiques de l'audiovisuel français, dont les chaînes de télévisions, dénoncent avec constance la distorsion de concurrence existant selon eux avec les géants du streaming. Ils les accusent ainsi de pouvoir inonder de contenus le marché français, sans se soumettre aux mêmes obligations de financement de la création qu'eux.
Dans ce dossier au long cours, Roselyne Bachelot a annoncé sur France Inter avoir "abouti" après dix jours de tractations. "Nous avons négocié avec les producteurs, le monde du cinéma et des plateformes", a-t-elle raconté, évoquant la publication prochaine du "décret SMAD", du nom de la directive européenne permettant désormais de soumettre les services de médias audiovisuels à la demande (SMAD) comme Netflix ou Amazon Prime Video à une partie des obligations applicables aux éditeurs de télévision traditionnels tels TF1 et M6. "Il va obliger les plateformes à participer à la création cinématographique et audiovisuelle française", s'est félicitée Roselyne Bachelot sur France Inter.
La ministre de la Culture a précisé que désormais, les plateformes devront dédier "20 à 25% du chiffre d'affaires" au financement d'oeuvres locales, selon leur moment d'entrée dans la chronologie des médias. Interrogée sur le cas plus spécifique de Netflix, Roselyne Bachelot a estimé à 150 voire 200 millions d'euros par an, le futur investissement du géant américain dans la création française. En échange, les plateformes devraient pouvoir bénéficier d'une exploitation des oeuvres plus tôt dans la chronologie des médias. En d'autres termes, Netflix ou Amazon ne devraient plus avoir à attendre 36 mois après la sortie en salles d'un film pour le proposer à ses abonnés. "La négociation est ouverte", a précisé la ministre de la Culture au sujet de la définition de ce nouveau délai.