Toujours sur fond de crise sanitaire, la campagne présidentielle se jouera surtout dans les médias. Depuis quelques semaines, les chaînes dévoilent leur dispositif. Sonia Devillers, présentatrice de "L'instant M" sur France Inter, a recensé "entre 25 et 30" rendez-vous politiques chaque semaine à la télévision et à la radio. Et ce, sans compter les émissions des médias numériques.
Sans commune mesure, "Face à Baba" est l'émission la plus commentée du moment. Diffusée sur C8 et présentée par Cyril Hanouna, celle-ci ne reprend pas les codes habituels de l'interview politique mais met en scène, et c'est assumé, la confrontation d'idées. L'un des objectifs affichés ? Attirer les plus jeunes, qui fuient habituellement le petit écran et les inciter à voter. Au moins en termes d'audiences, le pari semble fonctionner. Le 16 décembre, la première de l'émission avec Eric Zemmour avait fédéré, selon Médiamétrie, 19,1% des 15-24 ans et 23,8% des 25-34 ans.
Avec une telle stratégie éditoriale basée donc sur le clash, le format se heurte à la critique. Invitée de "C ce soir" et de Karim Rissouli ce mardi sur France 5, Sonia Devillers a pointé du doigt un "problème" dans "Face à Baba", "Touche pas à mon poste !" et les émissions du trublion de C8 : "Est-ce que chez Cyril Hanouna, on fait de la politique ? En fait, c'est ça la vraie question. Est-ce que c'est le jeu démocratique ? Est-ce que c'est un débat démocratique ? Est-ce que Cyril Hanouna politise tous les sujets de société dont il s'empare ou est-ce que, au contraire, il les dépolitise. Moi j'ai tendance à penser qu'il les dépolitise. Moi, j'ai tendance à penser qu'il n'y a pas de débat démocratique chez Cyril Hanouna", a affirmé l'éditorialiste de la radio publique.
Si elle a reconnu un mérite à Cyril Hanouna, à savoir "écouter des gens que l'on n'entend pas ailleurs", elle a fustigé l'appauvrissement du débat démocratique : "Le problème, c'est que chez Cyril Hanouna, on réduit tout à un débat 'pour' ou 'contre'. C'est dans l'ADN de l'émission. Au départ dans 'TPMP', il y avait des pancartes 'Je zappe', 'Je mate', le 'Je zappe', "Je mate' a disparu, c'est 'pour', contre' et puis tout ça est accompagné de faux sondages sur Internet, où tout est réduit à une question 'oui', 'non'", a explicité l'éditorialiste, qui s'en était déjà prise à l'animateur de C8 en le taxant de "bras médiatique de la macronie".
Pour conclure, Isabelle Saporta, éditrice de Cyril Hanouna et compagne de Yannick Jadot, candidat écologiste à la présidentielle à la ville, a également observé que l'animateur de "TPMP" n'était pas le seul à pratiquer cette formule : "'Les grandes gueules' sur RMC, c'est pareil, c'est 'oui', 'non' et chacun est dans son rôle. Quand j'étais sur BFMTV, avec (Alain) Marschall, on était censé faire chacun une minute et voter pour ceux qui avaient parlé avant en disant 'oui', 'non', 'pour', 'contre'. Moi, je me suis retrouvée trois fois là-dedans (en référence à l'émission de BFMTV "Qui va vous convaincre ?", ndlr), je me suis dit, ce n'est pas possible, où est la nuance ?". puremedias.com vous propose de visionner la séquence.