La politique de la chaise vide. Le lobbyiste, Jean-Pierre Duthion, soupçonné d'avoir pesé de tout son poids - au profit de puissances étrangères - pour influer sur le contenu d'une douzaine d'éditions du "Journal de la nuit" de BFMTV, ne s'est pas présenté, ce mercredi 5 avril 2023, à la convocation de la commission d'enquête relative aux ingérences politiques, économiques et financières de puissances étrangères. Avant lui, Rachid M'Barki, le présentateur du "Journal de la nuit", licencié pour "faute grave" par BFMTV depuis la révélation de l'affaire au grand jour, et Marc-Olivier Fogiel, directeur général de la chaîne info, avaient été auditionnés par les parlementaires les 22 et 23 mars dernier.
Le grand absent du jour a fait savoir, dans un courrier signé de son avocat, qu'il avait demandé à être assisté de son conseil lors de son audition mais que la Commission d'enquête a refusé au motif qu'elle ne viserait pas "à établir des responsabilités pénales".
Mais l'avocat de Jean-Pierre Duthion n'en démord pas. Pour lui, sa présence est indispensable, la commission ayant pour objet "d'établir s'il existe des réseaux d'influence étrangers qui corrompent (...) les relais médiatiques" et qu'une enquête, ouverte à la suite d'une plainte déposée par BFMTV, met en cause son client. "Ces faits ont d'ailleurs été, en partie, évoqués devant votre commission, notamment lors des auditions de Rachid M'Barki et de Marc-Olivier Fogiel".
Selon "Télérama", le refus de répondre à une convocation est passible d'une peine de deux ans de prison et d'une amende de 7.500 euros.
Lors de son audition devant les députés, Marc-Olivier Fogiel s'était, pour rappel, rejoué le film des événements. "Si nous avons écarté (Rachid M'Barki) de l'antenne, c'est parce qu'il a gravement manqué au processus de validation de l'information mis en place au sein de BFMTV", a insisté le patron de chaîne, pointant une responsabilité individuelle.
L'ingérence étrangère supposée révélée début février par "Politico" puis "Forbidden Stories" n'a donc pas pu être vérifiée par ses équipes. BFMTV n'a "pas les moyens d'apprécier" d'une quelconque ingérence. Une plainte a cependant été déposée et la justice devra démontrer si le journaliste licencié a, ou non, été corrompu. De son côté, Rachid M'Barki a dénoncé un "lynchage médiatique" et clamé son innocence.