France 4 sauvera-t-elle sa tête à la faveur de la crise du coronavirus ? Plusieurs députés de la majorité demandent en tout cas au gouvernement de revenir sur sa décision, effective à partir du 9 août prochain, de faire disparaître la chaîne jeunesse du service public. Pour justifier ce revirement, les parlementaires soulignent que France 4 a montré sa pleine utilité en cette période de crise sanitaire, en proposant avec succès des programmes éducatifs et scolaires venant en aide aux enfants confinés.
"Un moratoire d'au moins un an est nécessaire. Il n'est pas imaginable que France 4 s'éteigne le 9 août", juge ainsi le président LREM de la commission des affaires culturelles à l'Assemblée nationale, Bruno Studer. "Ce n'est plus le France 4 d'hier qui doit exister, mais cet outil ludo-éducatif dont on a vu combien il était utile pendant cette période de confinement", ajoute l'élu du Bas-Rhin, interrogé par l'AFP mercredi. Un avis partagé par Aurore Bergé, députée LREM et rapporteure de la future réforme de l'audiovisuel voulue par le gouvernement. "La crise a encore plus mis en valeur le rôle singulier et nécessaire de France 4. Nous avons besoin d'une offre linéaire de contenus jeunesse avec une forte dimension éducative et culturelle, valorisant le secteur de l'animation. C'est une véritable mission pour notre audiovisuel public", estime-t-elle, jointe ce matin par puremedias.com.
"Ca n'a pas de sens de supprimer France 4", abonde la sénatrice UDI, Catherine Morin-Desailly, rappelant l'importance de France 4 pour la filière de l'animation, et la fracture que pourrait créer la mise en place d'une offre de programmes jeunesse majoritairement numérique. Opposante de longue date au projet du gouvernement, la présidente de la commission de la Culture du Sénat salue en tout cas le ralliement à ses idées des députés de la majorité, non sans s'interroger sur la pertinence d'un simple moratoire d'un an. "Un moratoire seul ne suffit pas. Un an ? And so what ? Le moratoire ne peut avoir de sens que s'il permet d'engager une véritable réflexion globale sur ce que doit être le bouquet de chaînes publiques à l'avenir", estime-t-elle auprès de puremedias.com.
Interrogé aujourd'hui dans la matinale de France Inter sur le sort de France 4, Franck Riester a de son côté préféré botter en touche. "Les contenus éducatifs sont essentiels à l'audiovisuel public (...) Nous devons nous assurer que dans l'avenir, en linéaire, il puisse continuer à y avoir des contenus jeunesse, éducatifs", a d'abord expliqué le ministre de la Culture. Peu engageante, cette réponse a surtout l'avantage de ménager l'option jusque-là privilégiée par le gouvernement et France Télévisions, à savoir une suppression de France 4 au profit d'une bascule d'une partie de ses programmes sur les chaînes restantes, particulièrement France 5 et France 3, et surtout sur le numérique, via la plateforme Okoo.
Au cours de cette même prise de parole, Franck Riester a néanmoins pour la première fois émis l'hypothèse d'une survie de France 4 au-delà du 9 août, renvoyant la patate chaude à France Télévisions. "J'ai demandé à Delphine Ernotte (présidente de France Télévisions, ndlr) de nous dire quel serait le pacte d'engagement pour la jeunesse et les contenus éducatifs si France 4 était bien éteinte au mois d'août ou, s'il devait y avoir une décision différente, de voir quelle pourrait être la grille des programmes de France 4, si France 4 était maintenue", a-t-il annoncé.
Et le ministre d'ajouter : "Nous ne sortirons pas de la crise comme nous y sommes rentrés (...) Toutes les réformes doivent être regardées à l'aune de ce qu'a été la crise. Aucune décision définitive ne sera prise tant que nous n'aurons pas ces éléments qui doivent nous être fournis par France Télévisions. Nous en discuterons bien évidemment au sein du gouvernement et avec les parlementaires", a conclu Franck Riester. Le groupe France Télévisions fait de son côté savoir qu'il fournira "dans les jours qui viennent" les éléments de réponse demandés par le ministre. Le feuilleton France 4 est donc loin d'être terminé.