Pierre Bergé en colère contre Fabrice Lhomme et Gérard Davet. A l'origine avec 152 autres confrères des révélations sur les "SwissLeaks", cet exil fiscal aidé par la filiale suisse de la banque HSBC dont le montant s'élève à près de 181 milliards d'euros, les deux journalistes du "Monde" se sont attiré les foudres d'un de leurs actionnaires. Invité d'"On refait le monde", l'émission de Marc-Olivier Fogiel ce mardi sur RTL, Pierre Bergé a en effet "réprouvé" les méthodes utilisées pour la publication de l'information, et notamment la mise en avant du nom de Gad Elmaleh, dont la situation avait pourtant été rapidement régularisée.
"Cette histoire me plonge dans beaucoup d'interrogations, me met mal à l'aise. Il faut commencer par dire qu'il faut proscrire évidemment la fraude fiscale partout et punir les fraudeurs fiscaux. Une fois que j'ai dit ça, est-ce que c'est le rôle d'un journal - et surtout d'un journal comme Le Monde - de jeter en pâture des noms, des gens ? Pourquoi Gad Elmaleh ? Qu'est-ce que ça veut dire ça ?", s'est ainsi interrogé publiquement le co-actionnaire du journal "Le Monde".
Pierre Bergé n'y est également pas allé par quatre chemins pour dénoncer ce qu'il considère comme du "populisme". "Pour moi, c'est flatter les pires instincts qui soient et ce n'est pas ça que devrait être journal, en tout cas un journal comme Le Monde. Ce n'est pas pour ça que je suis venu au secours du Monde et ce n'est pas pour ça que j'ai permis aux journalistes du Monde d'acquérir leur indépendance. Ce n'est pas pour ça. Ce sont des méthodes que je réprouve totalement et qui n'ont aucune justification", a-t-il ajouté, expliquant avoir fait savoir son point de vue aux journalistes du quotidien, qui n'ont pour le moment pas répondu.
"Je ne suis pas en colère. Je suis surtout triste, je suis surtout déçu", a confié Pierre Bergé à Marc-Olivier Fogiel. "Je ne veux pas comparer évidemment ce qui se passe à des époques passées mais quand même, la délation, c'est la délation. Jeter en pâture des noms, c'est jeter en pâture des noms. Et tout ça me semble gratuit surtout...", a conclu celui qui vient donc s'ajouter à la liste de ceux dénonçant publiquement la mise en avant de certains noms, quelques heures après Yann Barthès et Roselyne Bachelot.