La douleur est encore trop vive pour les proches des victimes. Pour contrer le projet de téléfilm de France 2 évoquant l'attentat du Bataclan, une pétition mise en ligne depuis un mois a recueilli plus de 30.000 signatures. En effet, fin novembre, la deuxième chaîne a annoncé le tournage d'un téléfilm baptisé "Ce soir-là", dans lequel Sandrine Bonnaire et Simon Abkarian tiennent les rôles principaux. La fiction raconte l'histoire d'une rencontre amoureuse en plein drame terroriste.
Pour les besoins du tournage, la production de la fiction avait d'ailleurs accroché dans certaines rues de Paris des affiches du concert des Eagles of Death Metal, le groupe de rock qui jouait durant l'attaque du 13 novembre au Bataclan. L'objectif était de remettre l'histoire dans son contexte, puisque les premières scènes se déroulent dans la salle de concert le soir de l'attentat.
Ainsi, Claire Peltier, journaliste dont le compagnon David a perdu la vie sous les balles à l'entrée du Bataclan, a lancé une pétition en ligne réclamant le renoncement de France 2 concernant "Ce soir-là". "Nous demandons à la direction de France 2 et à Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, de renoncer à ce projet trop douloureux, par respect pour nos douleurs, pour notre deuil, pour les personnes disparues et blessées. Par respect pour le service public de télévision", a-t-elle écrit dans un texte. A ce jour et alors que le tournage vient de se terminer, la pétition a enregistré plus de 30.000 signatures.
Ce matin, au micro de France Inter, Maurice, le père de Marie, tuée au Bataclan avec son petit ami Matthias, a fait part également de sa colère concernant le maintien du téléfilm par France 2 : "Je pense que la moindre des choses aurait été de demander aux familles, sur un événement comme celui-ci, si elles étaient prêtes à supporter ce type de projection (...) Je trouve que c'est malsain de faire une approche comme celle-ci alors que tout n'est pas encore compris et bouclé au niveau judiciaire". Il a ajouté : "La blessure pour les familles n'est pas encore fermée. Quelque part, c'est exploiter la douleur des gens. C'est quoi ? C'est un buzz ? C'est du commercial ? On est vraiment choqués."
Pour sa part, France 2 avait réagi dans un communiqué à la gronde des téléspectateurs, évoquant son rôle de service public d'interroger avec "intelligence, humanisme et sans tabou notre société par le prisme de la fiction."