Alors que le bras de fer s'intensifie entre "Le Point" et Jean-François Copé, c'est une autre figure de l'UMP qui est montrée du doigt ce matin par la presse. Médiapart dénonce les manipulations de communication de l'entourage de Michèle Tabarot, numéro deux du parti et maire du Cannet, une ville des Alpes-Maritimes. La rédaction du site internet accuse l'entourage de cette proche de Jean-François Copé d'avoir délibérément organisé de faux témoignages pour les caméras de télévision dans le but de promouvoir le bilan de la police municipale, dont la maire a multiplié par trois les effectifs depuis sa prise de fonction en 1995.
Alain Cherqui, le chef de la police municipale, se soucierait peu de déontologie quand des caméras de télévision arrivent dans sa commune. Mi-février, il a annoncé la création d'un "police drive" pour pouvoir déposer des plaintes à la police sans quitter son véhicule. Un dispositif largement couvert par les médias et notamment par TF1 qui a dépêché une équipe sur place. Dans ce sujet, diffusé dans le "13 heures" du 20 février, les passants interrogés se réjouissent tous de cette initiative. Une femme se montre particulièrement enthousiaste. "Comme je suis une femme seule, si je suis poursuivie, je viens directement ici", explique-t-elle au volant de sa voiture.
Des propos qui lui ont été soufflés directement... par le chef de la police. La jeune femme a expliqué à Médiapart avoir été alpaguée par Alain Cherqui, qui lui a "fait signe de venir". "Il m'a dit : 'Vous pouvez faire une démonstration ? Vous reculez, vous ré-avancez, et vous appuyez sur le bouton' (...) Il m'a dit : 'Vous êtes une femme seule. Vous voyez, c'est une bonne idée, ça apporte un plus au Cannet.' Je devais montrer que c'était très bien. J'ai fait ce qu'il m'a dit car la police, c'est la police. À aucun moment il ne m'a pas dit que c'était pour TF1", a expliqué le témoin retrouvé par Médiapart. Le journaliste de TF1 a reconnu que le chef de la police "briefait les gens".
Plus grave, des policiers locaux, interrogés par Médiapart, ont expliqué avoir été régulièrement réquisitionnés pendant plusieurs années par leur chef pour "bidonner" des reportages. Ils se sont plusieurs fois fait passer pour des civils pour vanter le bilan de la police municipale. Certains "témoins" apparaissent ainsi dans plusieurs reportages tantôt en "passant" tantôt en "policier". Un policier raconte ainsi que lors d'un reportage de TF1 sur les contrôles éthylotest préventifs, un de ses collègues s'est même déguisé en motard "sur demande du chef de service" et "avec la complicité du journaliste de TF1".
"Tout était simulé. Le lendemain, on en parlait avec les collègues au bureau, on en rigolait", a expliqué un autre policier. "Les rôles étaient distribués. 'Toi tu fais le récalcitrant'. 'Toi le policier', ou bien on faisait la logistique, en bloquant la route si nécessaire. À l'époque des élections, cela se faisait beaucoup", explique un autre. Les exemples cités par Mediapart sont nombreux, sur plusieurs années.
Des manipulations auxquelles la municipalité n'a pas souhaité répondre. Alain Cherqui a qualifié de "connasse" la journaliste de Médiapart qui l'appelait pour avoir sa version des faits. De son côté, TF1, aussi contactée par le site d'informations, assure qu'elle n'a "jamais reçu la moindre plainte, information, retour sur une quelconque irrégularité sur les sujets consacrés à la police municipale du Cannet".
> LIRE l'enquête de Médiapart (payant)