Les règles changent. Ce mercredi, dans une lettre ouverte publiée sur son blog, Dan Clancy, président et responsable des opérations de Twitch, plateforme de streaming en direct détenue par Amazon, a annoncé une modification des règles de partage de revenus pour certains streameurs. Sur ce site, les streameurs, c'est-à-dire les créateurs de contenus de la plateforme, perçoivent de l'argent grâce aux abonnements, appelés "sub", aux dons et à la publicité.
Depuis plusieurs années, avec la grande majorité des streameurs, Twitch perçoit la moitié des revenus nets issus des abonnements. Cependant, depuis un certain temps, la plateforme a mis en place un accord avec des conditions d'abonnement "premium" avec certains vidéastes "en expansion", comme l'indique Dan Clancy. "Ces accords sont de notoriété publique au sein de la communauté des streameurs. Nous n'avions pas établi de cadre de référence pour déterminer qui recevrait ces offres et quand", explique le président de Twitch, précisant que depuis plus d'un an, la plateforme cesse d'offrir "ces accords premium" aux nouveaux streameurs qui n'en bénéficiaient pas déjà.
Selon Twitch, le site de streaming en direct assume ne pas avoir été "transparent" vis-à-vis de l'existence de ces accords "premium" et n'a pas été "cohérent" sur leurs "critères d'admissibilité" : "Ces accords étaient généralement proposés aux streameurs les plus populaires. Avec le recul, nous ne pensons pas qu'il soit juste que nos accords standards offrent un partage des revenus variable basé sur la popularité du streameur". Cet accord "premium" consiste à une répartition de revenus à 70% pour le créateur de contenus, et seulement 30% pour la plateforme.
A partir du 1er juin 2023, cette répartition des revenus sera ainsi modifiée sur Twitch. Pour ceux qui bénéficient encore des conditions "premium", le partage 70/30 sur les revenus d'abonnements sera conservé dans la limite des premiers 100.000 dollars. Une fois cette barre dépassée, les revenus générés seront partagés sur la base standard du 50/50. Le site tient à rappeler qu'environ 90% des streameurs "bénéficient d'un accord standard" : "Ce changement n'aura pas de conséquences à leur niveau de revenus actuel".
"Pour les autres, notre récente augmentation de votre part des revenus publicitaires à 55% dans le cadre du Programme d'avantages publicitaires est un excellent moyen pour ces streameurs de récupérer la plupart, voire la totalité, des revenus perdus", insiste Dan Clancy, qui justifie cette modification des règles de partage de revenus par "le coût de notre service" : "Diffuser en direct une vidéo haute définition, à faible latence et toujours disponible aux quatre coins du monde coûte cher".
Après cette annonce, plusieurs streameurs français ont fait part de leur agacement. ZeratoR, connu du grand public pour le ZEvent, a déploré une future "diminution de 20% de (son) chiffre d'affaires annuel de Twitch", "sans qu'on puisse discuter", "ni faire quoi que ce soit". "Et non, changer de plateforme n'est pas viable, et en monter une encore moins. C'était la bonne année pour 'transformer' les gros projets, hein", a-t-il ajouté, amer.
De son côté, Zack, autre vidéaste réputé de Twitch, a réagi à ce changement : "Je ne suis pas concerné car je ne génère pas 100.000 dollars mais quand t'as prévu des projets et des recrutements, basés sur ça (...) tu prends un coup. Ça fait mal".
"Ils savent bien qu'en commençant par ceux qui touchent beaucoup, ça passera mieux publiquement. C'est vrai, on ne va pas pleurer le gars qui passe de générer 500.000 dollars à 420.000 dollars. Mais quand ça s'appliquera à celui qui génère 25.000 dollars et qui n'en aura plus que 20.000 dollars, ça fera plus mal", a-t-il poursuivi. Et d'ajouter : "Le pire, c'est que tu ne peux rien dire ou faire. Ça vient du jour au lendemain, sans prévenir et sans contestation possible. Entre ça et les algorithmes (Youtube et consorts) qui peuvent t'enterrer au gré du vent, créateur de contenu, c'est confortable mais pas très stable".